

Je vous confirme d'emblée que les deux livres sont mauvais, mais je vous conseille quand même de les lire. Ce qui est frappant, c'est la thématique particulièrement trash dans les deux cas, et la manière dont elle est traitée, qui représente tout à fait les tendances de la littérature pour jeunes adultes depuis la création du genre: elle s'enfonce chaque année davantage dans les tréfonds du trash.
Forbidden traite d'une relation incestueuse mais amoureuse entre frère et soeur, avec des scènes de sexe d'une longueur surprenante (les scènes) et d'une précision clinique, que l'on peut difficilement qualifier autrement que comme des épisodes de littérature érotique voire pornographique pour jeunes lecteurs. Personnellement, ce n'est pas ça qui va me faire pousser des hauts cris, mais je constate que c'est particulièrement poussé pour un bouquin qui va se retrouver entre Twilight et le Journal Intime de Georgia Nicholson. Et comme la narration alterne entre le point de vue de la soeur et celui du frère, on a droit à une vision panoramique de leurs exploits sexuels par chacune des parties concernées.
Le second livre, The Hunger Games (à surveiller: énorme bestseller dans les pays anglo-saxons, le troisième tome vient de sortir) va loin dans un autre mode: celui de la violence. Petit pitch rapide: dans un futur dystopique et totalitaire, le district central des Etats-Unis, le Capitole, rafle chaque année douze garçons et douze filles de 12 à 18 ans, vivant dans les districts voisins, pour organiser de grands jeux télévisés, les Hunger Games, au cours desquels les 24 jeunes gens doivent littéralement s'entretuer: le dernier vivant gagne. Vous aurez reconnu la référence à Thésée et le Minotaure, mais elle s'arrête là. Pendant un certain temps je me suis demandé si on allait vraiment voir l'héroïne trucider ses adversaires, pensant que l'auteure trouverait un moyen de se débarrasser des autres ados sans intervention directe de sa protagoniste. Oh pas du tout. La gamine perce le coeur d'un concurrent à coup de flèche, lâche des frelons tueurs sur deux autres, et en affame un troisième. Bien sûr, c'est elle ou eux, donc c'est justifié. Après tout, elle se reçoit un poignard dans le front. Les autres, en comparaison, sont encore plus cruels, tuant leurs adversaires au couteau ou en leur dévissant la tête. Le sang coule à flots. C'est très grand-guignolesque, comme bouquin.
Sexe et violence à outrance, ce n'est pas nouveau et cela ne me choque que très modérément. Maintenant. Mais je me souviens très bien avoir été assez ébranlée pas Junk, de Melvin Burgess, à 14 ans, Eclipse, de Robert Cormier, à 12 ans, et d'autres bouquins plus ou moins similaires où ces sujets-là - et suicide, drogue, inceste, torture - sont traités sans pincettes. Et pourtant j'étais loin d'être une chochotte. Ces bouquins sont peut-être destinés aux jeunes adultes mais ils sont lus par de jeunes ados, voire des enfants. Certains réagiront bien et d'autres moins. La censure est ridicule et inutile mais on peut se poser la question de la responsabilité de l'auteur/e vis-à-vis d'un public qui a une sensibilité différente de la sienne. C'est une question sans réponse.