'J'étudie la manière dont les enfants surdoués sont représentés et construits'. C'est impressionnant: ce sujet de recherche semble immédiatement attirer l'attention des gens qui me demandent ce que je fais. D'habitude, quand on est universitaire, on a plutôt l'habitude des regards totalement incrédules quand on dit ce qu'on étudie. Mais là, non - tout le monde a une opinion sur les enfants 'surdoués', et des anecdotes à raconter, et des questions à poser.
des 'enfants surdoués' dans leur environnement naturel
Et justement, ça m'intéresse beaucoup d'écouter ce que les gens ont à dire quand je leur parle de mon sujet de recherche, parce que ça confirme souvent les conclusions des chercheurs quant aux opinions les plus répandues sur les enfants surdoués, leur identification et leur éducation - opinions qui structurent les expériences de ces enfants-là, et la manière dont ils sont perçus en société. Elles reposent en général sur deux idées centrales:
- D'abord, on a tendance à postuler que le fait d'être surdoué 'existe', que c'est une propriété plus ou moins tangible, et en tout cas mesurable, et que les enfants surdoués sont ceux qui possèdent cette propriété.
- Deuxièmement, on a tendance à penser que, dans une large mesure, on est surdoué 'de naissance', que ce soit par hérédité ou non.
Tout d'abord, le fait d'être 'surdoué' n'est pas objectif mais socialement construit, sur la base d'un certain nombre de normes historiques, (pseudo-)scientifiques, éducatives et culturelles, et le concept est connecté à d'autres, tout aussi peu objectifs, comme 'l'intelligence', la 'créativité', le 'succès', le 'potentiel', et bien sûr 'l'enfant', qui n'existent pas en-dehors des contextes dans lesquels ils sont créés et définis.
La notion d'enfant 'surdoué' dépend des valeurs d'un temps et d'un lieu, parce que ce qu'une société choisit de valoriser (et appelle, par exemple, 'intelligence') définit ce qu'elle décide d'étiqueter comme 'surdoué', et la manière dont elle choisit de cultiver cette propriété. Dans une société donnée, le 'talent' artistique peut être jugé comme qualité principale, et dans une autre, ce peut être l'aptitude aux sciences. Certaines sociétés préfèrent les gens qui sont 'bons en tout', et d'autres les individus plus spécialisés. On peut qualifier de 'surdoué' celui qui se démarque pour ses performances physiques ou de management, ou alors se restreindre aux disciplines les plus académiques.
La moustache, signe certain de dons extraordinaires |
Et là encore, les résultats peuvent être interprétés différemment. Dans un pays A où les 10% des enfants les plus performants sont identifiés comme surdoués, il y aura proportionnellement plus d'enfants surdoués que dans un autre pays B où les mêmes échelles de mesure sont utilisées, mais où seulement 1% des plus performants sont sélectionnés. Les 9% suivants ne sont pas alors 'secrètement surdoués', ils sont juste... pas surdoués du tout. S'ils décident d'émigrer vers le pays A, il se pourrait qu'ils le deviennent.
Donc quand on parle de 'l'identification' des enfants surdoués, le terme 'identification' est problématique voire inexact. Au premier abord, on dirait qu'on essaie d''identifier' un truc qu'on a trouvé par terre, comme une fleur ou un insecte, en faisant référence à une taxonomie préétablie et inchangeable. En réalité, les aspects 'scientifiques' de la procédure (la mesure, l'identification etc.) sont entièrement structurés par la construction sociale et culturelle du concept. Et du coup, on se retrouve face à des problèmes idéologiques profonds.
Parce que bizarrement, ce qui se passe la plupart du temps, c'est que l'on 'découvre' des enfants surdoués qui sont (quelle surprise) déjà très avantagés par leur situation sociale: surtout des enfants de la classe moyenne, et surtout des garçons. Pendant la majeure partie du 20e siècle (et en grande partie à cause des tests de QI), on a pensé que ce phénomène reflétait une vérité objective, qui justifiait donc la présence au sommet de l'échelle sociale des classes dirigeantes en question.
L'idéal méritocratique: tout individu 'doué' montera naturellement au sommet |
Les perceptions populaires du 'don' comme 'objectif' et 'inné' sont donc un problème car elles masquent le fait que ce concept est une construction, et elles normalisent indirectement l'idée que si les enfants surdoués sont aussi ceux des catégories sociales les plus aisées et les plus puissantes, eh ben, 'c'est comme ça'. Elles justifient le pouvoir en place et défendent le mythe de la 'méritocratie'.
Donc l'un des aspects de mon projet est d'étudier des textes très variés - scientifiques, éducatifs, littéraires, documentaires, journalistiques, etc. - qui renforcent ou au contraire cherchent à déconstruire ces perceptions normalisées de l'enfant surdoué. Je cherche à comprendre, notamment, pourquoi ces idées se répandent aussi facilement parmi les parents, les enseignants, les enfants et parfois les chercheurs eux-mêmes. Je m'intéresse en particulier aux liens entre ces conceptions et les dynamiques de classe et donc de reproduction sociale.
Je signale quand même que ma perspective est à l'un des extrêmes de la perception du concept de l'enfant 'surdoué' - je doute profondément qu'il y ait une quelconque réalité dans cette figure en-dehors de sa construction sociale; en d'autres termes, je ne crois pas que certains enfants naissent simplement avec des qualités objectives les prédisposant comme par hasard à telle ou telle tâche socialement valorisée. Cette perspective n'est pas partagée par tous les chercheurs, notamment les psychologues de l'éducation spécialisés dans l'éducation des enfants 'surdoués', mais le champ de recherches est agité de profonds débats autour de cette question depuis une vingtaine d'années.
Article très intéressant qui me parle énormément. Lors de mes études de psychologie je me suis un peu intéressé à la question et je suis arrivée au même conclusion que toi, c'est a dire que l'enfant surdoué est un mythe. J'espere qu'un jour j'aurai l'occasion de lire ta recherche qui parait très intéressante. Bonne continuation!
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire! j'en suis encore au début mais je continuerai à poster des billets sur le sujet.
SupprimerArticle comme toujours intéressant, j'ai hâte de lire la suite de vos recherches. J'imagine que vous connaissez Les Vendredis Intellos, communauté de discussion et de recherche en terme d'éducation au sens très large. A paru justement cette semaine un article sur les "zèbres", je me permets de vous le mettre en lien du coup : http://lesvendredisintellos.com/2014/09/20/cest-quoi-un-zebre/
RépondreSupprimerBonne continuation et bonne investigation !
haaa, merci BEAUCOUP - je connais les Vendredis Intellos mais je n'avais pas vu cet article-là!
Supprimerje n'étudie pas vraiment les contextes français mais déjà des choses me frappent dans cet article (en partie parce qu'il correspond exactement au genre de positions qui me pose problème hein! :) ) et peut-être que j'écrirai un billet de blog dessus...
Sujet passionnant, c'est clair! Et qui passionne, comme tu le soulignes, de plus en plus. Mon vécu perso et professionnel va dans le sens de ce que tu dis au niveau des "classes" sociales. C'est fou comme autour de moi tout le monde a un enfant "surdoué", en avance ou autre. En librairie, on me le précisait presque dans une demande sur deux. "Il a 10 ans, mais il faut plutôt me conseiller pour comme pour un enfant de 14 ans, il est très en avance". La plupart du temps même, on me demande directement un livre pour enfant de 10/12 ans alors même qu'en creusant un peu on découvre qu'il en a 8... Bref, la pression de fou sur ces pauvres gamins qui ne demandent qu'à grandir sereinement!... De mon côté, je crois qu'on a tous naturellement des qualités dans tel ou tel domaine (c'est sans doute lié à la structure du cerveau de chacun au départ, non?), qu'on le sache ou non, qu'on l'exploite ou non, et que si on les stimule, elles se "surdéveloppent", mais que ce n'est effectivement quantifiable qu'avec une échelle de mesure subjective propre au pays, à l'époque, à la société... J'ai bien aimé la manière dont l'héroïne de "Cool Sweet Hot Love" d'Erin McCahan aborde son QI supérieur ("Love and other foreign words" en VO). J'imagine que tu l'as lu ou que tu le connais. Qu'en as-tu pensé? Et bonnes recherches!
RépondreSupprimerOui les 'pushy parents' feront l'objet d'un autre billet de blog! en effet c'est tout à fait fascinant de voir les pratiques parentales associées à la 'fabircation' d'enfants 'surdoués', pour ensuite dire que c'était naturel depuis le départ. Et non je ne connais pas ce livre! je note, je note :)
SupprimerEt du coup les enfants surdoués en échec scolaire, et socialement peu adaptés, tu en fais quoi?...
RépondreSupprimerMoi j'en fais rien hein! ;) l'idée n'est pas d'araser totalement l'enseignement au niveau des classes pour traiter tout le monde de la même façon, pas du tout. Au contraire, la différentiation et le cas par cas est extrêmement utile dans ces cas-là, on dirait - mais ce n'est pas vraiment mon domaine. C'est l'étiquetage qui m'intéresse plutôt, avec les pratiques sociales, de parentalité, d'enseignement, etc. qui lui sont associées.
SupprimerQu'en est-il des tests par exemple ? Les enfants qui ont une mémoire hors norme, par exemple... ont une mémoire hors norme, non ? Quelque soit le milieu social d'où ils arrivent. Je sens comme une lutte par rapport à une classe sociale donnée... et j'entends bien l'idée de "fabrication"... mais des enfants qui ne sont pas des "petits bourges poussés par papa et maman" et qui explosent les tests, ça existe... Tout en partant du l'fait que les tests ne testent qu'un certain nombre d'inteligences...
RépondreSupprimerEt si tu pars de l'idée que la différentiation est une bonne chose, c'est déjà admettre que nous sommes différents face aux apprentissages. Pourquoi pas différents dans l'extrème ?
Je voulais juste rajouter un petit lien. Voici comme une école pour surdoué ,sur Seattle, décrit la différence entre un enfant intelligent et un enfant précoce.
RépondreSupprimerhttp://www.seattlecountryday.org/uploaded/Admissions/Documents/AdmisCharofGiftedness.pdf.
Pour clarifier, je ne suis pas du tout opposée à l'idée qu'on peut être 'différents dans l'extrême', ce serait assez indéfendable comme vision. Cependant, d'une part, il me semble que le rôle de l'expérience et de la stimulation là-dedans est plus que ce qu'on lui accorde d'instinct: il n'y a pas, semble-t-il, d'un côté la 'nature' et de l'autre la 'culture', mais plutôt une personne réceptive à son environnement qui va être structurée (et même donc physiquement, jusque dans son 'cerveau') par ces stimuli. D'autre part, ce qui m'intéresse ce n'est pas forcément la diversité effective des enfants mais le fait qu'une 'tranche' de cette diversité est étiquetée d'une certaine manière et devient un concept structurant, non seulement pour ces enfants et leurs parents mais aussi pour toute la société, y compris pour des gens qui n'auront jamais affaire de près ou de loin aux 'enfants surdoués'.
RépondreSupprimerQuant aux enfants qui 'explosent les tests' sans venir des classes moyennes, oui, ils existent, mais là encore la perception populaire est incorrecte car on a tendance à croire que c'est un phénomène sinon courant, du moins pas si inhabituel que ça. Mais en fait c'est très inhabituel. Les cursus pour surdoués et, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, les 'Gifted & Talented schemes' (classes spécialisés pour 'surdoués' qui existent dans toutes les écoles) sont dans une très très très vaste majorité peuplés d'enfants des classes moyennes 'poussés' par leurs parents. A cause de la compétition, le niveau monte dans ces cursus-là et il est donc de plus en plus difficile d'y parvenir sans un entassement de cours, activités extra-scolaires, investissement parental etc. C'est ce que je veux dire quand je dis qu'il s'agit d'un concept structurant qui dépasse de loin la question des capacités individuelles.
La perception du public est donc un problème car elle entérine l'idée qu'il n'y a pas là de question de classe (ou qu'elle est peu importante) - Bourdieu dirait qu'il y a une 'méconnaissance' à l'oeuvre ici, c'est-à-dire qu'on échoue à reconnaître qu'il s'agit d'une structure arbitraire. Par exemple, on a souvent l'impression quand on parle de 'surdoué' qu'il existe de nombreuses et nombreux 'Matildas', c'est-à-dire des enfants qui n'ont véritablement aucune stimulation parentale ou similaire dans leur environnement et qui n'ont pas l'occasion à la maison de développer les codes et le capital culturel qui leur permettrait ensuite d'être extrêmement performants à l'école. Or ce genre de cas est extraordinairement rare. Il y a des études intéressantes de ces personnages, souvent historiques, dont on dit qu'ils sont des génies 'spontanés'; en général il y a des 'trous' énormes dans leurs biographies, ou alors en effet il y a quelque chose de miraculeux là-dedans. De nos jours c'est beaucoup plus difficile de rendre compte de ce genre de cas. Et pourtant il y a beaucoup de gens qui pensent spontanément aux enfants surdoués 'à la Matilda' plutôt que de penser aux enfants surdoués 'à la fille de cadre supérieur et d'instituteur', alors que ces derniers sont véritablement ceux 'pour qui' la catégorie existe.
30 années de carrière, une moyenne de 25 élèves/classe, des années où étant remplaçante je voyais 15 classes par an, bref j’ai dû sévir sur 750 à 1000 élèves. Ça commence à faire un échantillon valable du point de vue statistique ! Le seul cas que j’ai rencontré c’est toi. C’est aussi la seule année où j’ai travaillé dans le 6ème…
RépondreSupprimerParmi les enfants remarquables des classes pauvres et culturellement et financièrement : de très bons calculateurs, je n’ai jamais rencontré d’écrivains. Ceux-là se trouvent dans les «fils de papa cadre-sup, maman instit » mais surtout parmi ceux à qui les papa parlent. C’est un constat qui mériterait plus d’investigation, les enfants qui communiquent vraiment à travers le jeu, le suivi scolaire, la lecture, le dessin, la musique etc … avec leur père, prennent la parole plus aisément, s’expriment mieux et réussissent mieux. Des enfants émotionnellement équilibrés, ceci expliquant probablement cela, tant il m'apparaît, avec l’âge, que le facteur déterminant pour d’une réussite scolaire durable est ce facteur d’épanouissement émotionnel. Un enfant qui n’a pas d’assise affective n’osera pas risquer l’équilibre de son savoir.
Finalement vu le nombre infiniment plus grand de crétins que j’ai tenté d’instruire ;-), il serait plus judicieux de se pencher sur leur cas ! Une étude des quelques 0,001% happy few me parait sans intérêt, trop nombrilo-centrée et à ce titre, malgré tout ton talent, potentiellement biaisée. Enfin il faut que jeunesse se passe et probablement essaies-tu de voir plus clair sur ton exceptionnel parcours. Bon courage !
Alors tout d'abord bien sûr qu'il y a une part d'histoire personnelle dans chaque projet de recherche - si ce n'était pas le cas il n'y aurait pas tant de femmes en études de genre, de gays/lesbiennes en études queer, de personnes handicapées en études du handicap. C'est normal de partir d'une réflexion personnelle parfois très longue avant de vouloir la pousser plus loin. Mais il faut faire attention parce que, d'une part, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de distance et d'autre part, ça peut être trompeur. Je me sens beaucoup plus intimement concernée par exemple par mon précédent projet que par celui-ci, mais ce n'est pas aussi 'visible' aux yeux de ceux qui le voient de l'extérieur. Ce projet-ci a aussi été conçu parce qu'il correspond à une atmosphère de recherche en ce moment; il est donc stratégique en partie.
RépondreSupprimerDeuxièmement, je valide évidemment tout ce que vous dites, et c'est bien ça qui m'intéresse: non pas l'aspect psychologique mais l'aspect sociologique de l'enfant dit 'surdoué'. De plus je m'intéresse seulement aux pays anglo-saxons où on est dans une pratique totalement différente du 'don': les enfants 'surdoués', là-bas, c'est de 5% à 10% de la population qui est identifiée comme telle. Cela donne lieu à des cursus spécifiques, des pratiques parentales et enseignantes particulières, etc. Le système français, on pourrait dire, reproduit à l'infini son élite sans avoir besoin de ces cursus spécialisés - il est structuré pour toujours favoriser les plus forts, qui toujours ou presque viennent des classes moyennes.
Troisièmement, je pense en effet que vous avez raison quant au rôle des pères car c'est quelque chose qui se retrouve souvent dans les recherches sur le sujet. Mais là encore c'est moins ça qui m'intéresse.
Et enfin, les élèves en difficulté et victimes de toutes sortes de problèmes d'apprentissage et de développement font l'objet de beaucoup plus d'études que les enfants surdoués en psychologie! et heureusement d'ailleurs. Mais encore une fois ce n'est pas la psychologie qui m'intéresse.
A bientôt!
Tu n'as pas compris mon commentaire... C'est de ma faute, j'aurais dû développer ;) J'ai l'impression que pour toi, surdoué = bon en classe.
RépondreSupprimerOr une grande partie des surdoués (reconnus par des tests) sont en échec scolaire et terminent leur parcours sans le bac.
Je cite : "il est structuré pour toujours favoriser les plus forts"... Mais si tu veux dire "les plus fort" = "les surdoués", alors il me semble que ça n'est pas du tout le cas... les plus forts sont souvent de bons élèves, effectivement, venant massivement des CSP ++, parfois soutenus (ou poussés) par leurs parents. Mais le surdoué dans une classe est, pour 1/3 d'entre eux, celui que personne ne supporte et qui échoue lamentablement aux évaluations.
Je re-cite : "les élèves en difficulté et victimes de toutes sortes de problèmes d'apprentissage et de développement font l'objet de beaucoup plus d'études que les enfants surdoués en psychologie"
... Il s'agit pourtant parfois des mêmes enfants... les surdoués ayant une fâcheuse tendance à la dyslexie, par exemple... :)
Mais encore une fois, je ne peux te répondre que la même chose - c'est-à-dire que oui, sur un plan psychologique, la situation est beaucoup plus complexe. Personne ne nie la présence de tels profils. Ce que tu décris ce sont des enfants qui accumulent difficultés d'apprentissage et facilités dans d'autres domaines. Il y a beaucoup de recherche en psycho sur ces enfants-là, mais le problème c'est qu'il y a beaucoup plus de variations que de ressemblances, donc ils sont très difficiles à catégoriser...
Supprimer... et c'est pour ça que, sociologiquement, ils sont 'invisibles' comme 'enfants surdoués'. Ces profils-là n'apparaissent pas dans les conceptions populaires, médiatiques et littéraires de 'l'enfant surdoué'. C'est ça qui, moi, m'intéresse - le fait que pour la plupart des gens, les enfants surdoués sont des êtres quasi 'magiques', et que pour le système éducatif (anglo-saxon, s'entend) ce soit une étiquette qu'on réserve à ceux qui sont performants académiquement selon des critères fixés d'avance.
Donc il n'est pas question d'effacer les différences qui existent au coeur des groupes d'enfants et qui peuvent être dues à mille et une choses. Je cherche au contraire à comprendre pourquoi et comment cette 'réalité' de faits observables dans toute sa complexité n'est justement pas rendue en termes de conceptions plus larges, par des gens qui n'en ont pas l'expérience quotidienne (donc pas des parents de tels enfants, ni des profs spécialisés) mais qui pourtant ont l'intime conviction de savoir de quoi il s'agit.
Ce n'est pas d'ailleurs seulement les 'idées reçues' qui m'intéressent mais aussi le fait qu'en pratique elles se retrouvent même souvent dans la littérature scientifique qui aurait plutôt intérêt à les démentir...
voilà j'espère que ça clarifie un peu... j'ai l'impression de comprendre ta question je te jure! :)
ok je comprends mieux !!! Je n'avais pas du tout perçu tes propos de cette façon en fait !
RépondreSupprimertinkiet! c'est en partie la raison pour laquelle c'est utile pour moi d'écrire ces billets. Ca m'aide à juger si j'arrive bien à m'exprimer ou pas...
SupprimerBonjour!
RépondreSupprimerTout d'abord, je suis moi aussi très intéressée par la représentation que les gens ont des enfants surdoués. On a tous dans notre entourage des parents qui nous vantent les mérites de leurs enfants surdoué, sans fondements à leur propos autre que les bonnes notes de leur chérubins. Mais si je m'y intéresse ce n'est pas pour les même raisons, et il semble qu'un angle de la question vous ai échappé.
En effet, le terme surdoué est utilisé officiellement, par des psychologues, psychiatres et autres, pour des enfants ET adultes ayant obtenu au moins 130 à un test de QI. Par ailleurs, beaucoup critiqueront le concept d'intelligence mesuré par ce test, et je ne peux qu'être d'accord avec eux. En effet, c'est quelque chose de beaucoup trop subjectif pour être mesurer, personne n'est "intelligent", ou du moins chacun n'a pas la même "intelligence".
Mais ça tombe bien, ce n'est pas ça que dis le test de QI. Les personnes surdoués ne sont pas plus intelligents, ils n'ont simplement pas le cerveau qui fonctionne de la même manière. Pour résumer, et surtout parce qu'on en sait encore peu, les neurones d'un cerveau "normal" activent une connexion après l'autre. Ceux des surdoués eux peuvent activer plusieurs connexion à la fois. Ils ont également une gaine de myéline (sorte de couche de gras autour des neurones qui permet la diffusion des informations) à priori plus importante que chez les autres personnes, permettant une circulation des informations plus rapide.
Donc oui dans les faits, ça permet de traiter plus d'informations à la fois, et plus vite. Mais ça implique surtout un véritable chaos, un décalage avec le reste du monde et une hypersensibilité. Le cerveau est incapable de séparer les informations importantes des informations inutiles. C'est pourquoi autant d'enfants surdoués sont en échec scolaire. Pour plus de détails, je vous conseille les ouvrages et le site internet de Jeanne Siaud-Facchin.
Et si on les dépiste principalement chez les classes sociales les plus hautes, ça peut s'expliquer de deux façons: les enfants sont plus stimulé et les parents plus réceptifs à ce genre de diagnostiques, moins méfiant. Ou simplement, un test de QI coûte dans les 300€, sans compter toutes les séances chez le psy qui peuvent suivre. Un gros budget que beaucoup considère futile.
Donc voilà, je trouve qu'étudier la représentation que les gens ont des surdoués est très intéressante et permet de comprendre pourquoi les "vrais" surdoués se sentent autant à l'écart et on si peur de se révéler au grand jour. Mais oui on peut naître surdoué, d'ailleurs on ne peut pas le devenir. Ce n'est pas une question de société et de culture, ni même d'intelligence, mais bel et bien de fonctionnement du cerveau.
J'espère de pas avoir été à côté de la plaque par rapport à vos propos et vous souhaite une bonne continuation :)
Il y'a déjà une thèse d'un sociologue publiée en français qui existe : "la petite noblesse de l'intelligence", de W.Lignier
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