samedi 22 janvier 2011

Quelques pensées sur le Kindle

Vous avez un Kindle, les potes? Moi pas.

Mais maintenant, je connais un bon paquet de gens qui en ont un. Et je me suis dit qu'il était temps que je partage mes pensées fortement intéressantes sur le sujet.



Pour avoir testé l'engin une seconde et demie sur la première page d'Orgueil et Préjugés, je peux vous dire qu'au rebours du détestablement lumineux iPad, le Kindle propose une 'expérience de lecture' satisfaisante, il faut bien l'avouer. Du moins, nos rétines survivent. L'écran imite parfaitement l'encre sur le papier. De ce côté-là, pas de problème. Il est léger. Il est compact. Il s'emporte partout. Etc.

Comparé aux vrais livres?

Je ne vais pas faire ma vieille aigrie de vingt-deux ans à vous rebattre les oreilles de l'odeur et du plaisir sensuel des vrais livres qui matelassent nos murs et tout ça va se perdre, ma bonne dame, à cause de ces machins électroniques. Je n'en pense pas moins, mais je pense aussi que chacun fait ce qui lui plaît, comme l'a un jour dit un intellectuel au coeur chagrin. Pour citer notre bon président, si y en a que ça les dérange, y zont qu'à aller se casser, les pauvres cons. Je ne vais pas jeter l'opprobre sur les garnisons d'amateurs de Kindle qui se contrefichent de l'orgasme synesthétique consécutif à la lecture de vrais livres solides à plusieurs pages (enfin, je leur conseillerais quand même de relire Les Mots.)

Entre survie et piratage

Je ne pense pas qu'on risque avec les livres électroniques la même Bérézina qu'avec la musique - pour avoir traîné sur de nombreux blogs d'édition, il semblerait que l'optimisme soit de mise. L'arrivée du livre électronique présente notamment la possibilité du livre éternellement en vente. De nos jours, si un livre lambda reste en vente quatre ou cinq ans, on peut déboucher le champagne. Avec le Kindle et autres lectrices, les bouquins, une fois retirés des étagères des librairies, seront toujours disponibles sur internet. Finie l'hécatombe des pilonnages: le livre aura une deuxième vie pixellisée, et les achats de ces bouquins continueront à rapporter des royalties à peu près équivalentes à leurs auteurs.

Cette idée me plaît bien, mais il reste le problème du piratage. J'ai demandé à deux amis qui possèdent un Kindle s'ils téléchargent légalement leurs bouquins. Le premier m'a dit qu'il téléchargeait légalement une fois de temps en temps - par exemple, s'il se voyait offrir à Noël un bon Amazon qui lui permette d'acheter des ebooks.

Le second m'a affirmé tout de go qu'il ne téléchargeait rien légalement. Son raisonnement était le suivant: si je veux un livre au point de payer pour l'avoir, je le veux sur mon étagère chez moi. Donc j'achète un vrai exemplaire. Sinon, je le télécharge illégalement. Et puis il s'est 'justifié' en affirmant que de toute façon, tous les ebooks qu'il téléchargeait (illégalement) sur Kindle étaient 'de la littérature de gare' qu'il 'lit dans les transports en commun'.

Donc pas la peine de payer les créateurs. Ils n'avaient qu'à pas écrire des bouquins merdiques qui se lisent facilement, ces abrutis.

Logique.

Toujours plus

Mon deuxième problème avec le Kindle (avec l'ebook en général), c'est l'extraordinaire frénésie de téléchargement qui semble s'emparer de certaines personnes qui en ont un. L'un de mes amis m'a montré sa 'bibliothèque'. Elle contient déjà plus de 150 ebooks (il a eu le Kindle pour Noël). Cet ami n'est pas un gros lecteur. Un adulte lambda, selon les statistiques, lit 7 livres par an (j'ai les statistiques US, corrigez-moi si j'ai tort). Un 'gros lecteur' (pas un lecteur professionnel) en lit entre 50 et 100. Un peu étonnée, je m'enquiers de la raison pour laquelle il a téléchargé autant de bouquins - il ne les aura certainement pas finis avant 2015. La raison est simple.

Quand on a 150 livres sur son Kindle, on peut en commencer un, lire deux, trois pages, et puis décider que ça ne nous plaît pas, et passer à un autre.

Ah ok.

Attention, je ne suis pas une puriste obsessionnelle-compulsive du finissage de livres. En général, je finis les bouquins que je commence, mais je ne suis pas maso - si ça me saoule grave, je repose le bouquin et j'en commence un autre. Mais je pense que mon seuil de tolérance dépasse les deux, trois pages. Je précise aussi que cet ami-là a une cinquantaine d'années, donc ne fait pas partie de ma génération prétendument incapable de se concentrer pendant plus de huit minutes.

Le Kindle change déjà, et va changer énormément de choses pour les auteurs, les éditeurs et les libraires. Sans parler des étudiants - pouvoir lire articles et livres sur une tablette et chercher par mots-clefs, quel rêve. Mais il va aussi changer les manières de lire, et peut-être fragmenter nos lectures. Côté salaire pour les auteurs et éditeurs, seul l'avenir nous dira si la montée du piratage sera équilibrée par une augmentation des téléchargements légaux.

En fait, ce n'est pas le Kindle qui risque de poser problème. Ce sont ses utilisateurs.

Pour l'instant, ce que j'ai vu de ces utilisateurs me laisse perplexe, voire un peu inquiète.

5 commentaires:

  1. intéressant ce kindle... Je n'en ai jamais vu. Ca doit encore rester un peu inaccessible au niveau du prix, non?
    Mais enfin, je pense que je fais partie des vieux ronchons qui préfèrent avoir des livres en papier. J'arrive pas à lire des articles universitaires sur mon ordi, je préfère aller à la bibli et les prendre dans les versions journaux; ou les imprimer. Lire sur un écran, ca me fatigue les yeux...
    Et je suis d'accord avec toi pour le téléchargement. Mais bon, on ne paie pas quand on prend des livres à la bibli, alors si les biblis se mettaient au pret de livres éléctroniques (elles te le mettent sur ton 'kindle' pour une durée déterminée) ca pourrait ressembler à l'usage actuel des livres papiers...
    Pour les 7 livres par an je pense meme que c'est optimiste. Je dois lire 7 livres de fiction par an (parce que je n'ai pas beaucoup le temps de lire plus avec tous les livres universitaires que je lis) et donc je rentre dans la catégorie lecteur lambda USA, mais avant mes études je lisais un livre par jour, et je me considérais comme une bonne lectrice... La plupart de mes amis qui ne sont pas de gros lecteurs lisent plutot 2/3 livres par an (!).
    Enfin bon, je ne sais pas trop, mais je suis pas prete de m'y mettre moi. J'aime bien avoir un livre dans les mains.
    Agathe de Cambridge

    RépondreSupprimer
  2. oui c'est assez cher, entre 100 et 300 euros selon les versions. Mais par contre, comme je l'ai précisé ce n'est vraiment pas la même chose que lire sur un écran classique: essaie-le, tu verras, c'est très différent.

    Si les biblis se mettaient au prêt d'ebooks, ce serait sans doute la fin des bibliothécaires, malheureusement... D'ailleurs, les imprimeurs sont aussi des victimes majeures (peut-être les plus touchées) de cette nouvelle manière de lire.

    Enfin, je suis contente d'avoir une autre vieille ronchonne dans mon camp :D

    RépondreSupprimer
  3. Pour ma part, j'ai une opinion assez positive du Kindle & Co. Je ne l'envisage que comme un support bien pratique pour les vacances ou les transports, par exemple. Idéalement, le mien aurait l'ensemble de ma bibliothèque physique, afin de me permettre de ne pas me trimballer mes livres pendant la journée.
    Pour ce qui est du téléchargement, c'est vrai que je ne le conçois pas de la même façon que pour la musique ou les films. Je trouve les CD et DVD outrageusement chers comparés à leur prix de production, et tant que les majors ne baisseront pas les prix, je continuerai à télécharger. Aujourd'hui, je n'achète des CD ou DVD que pour faire des cadeaux ou quand ce sont des trucs introuvables (= pas téléchargeables).
    Le prix des livres, sauf les livres neufs ou universitaires, me paraît plus raisonnable.
    Alors si j'avais un Kindle, j'achèterai probablement le fichier. Cependant, ça me ferait mal d'acheter un bouquin et de devoir repayer pour avoir la version pdf ; les éditeurs devraient se mettre au goût du jour sur ce point.

    RépondreSupprimer
  4. un an après, je considère le kindle... pour la simple et bonne raison que j'en ai marre d'imprimer les pdf pour les lire. Je déteste toujours les lire sur écran d'ordi, mais je veux quand même sauver des arbres.
    Et puis j'avoue que mon copain, qui m'a aidée à porter mes valises en rentrant de Cambridge, s'est beaucoup plaint du poids de la trentaine de livres que j'ai ramenés avec moi pour les vacances (hélas, je n'ai besoin que de quelques chapitres dans chaque).
    Donc, le kindle, achat utile ou pas? je me tâte. Si j'en prends un ce sera surtout pour des pdfs (il n'y a pas encore beaucoup de livres académiques au format kindle et gratuit, si? équivalents à ma bonne vieille bibliothèque...)
    Je demeure hésitante...

    Bisous :)
    Agathe

    RépondreSupprimer
  5. ah oui, ça me parait être un achat tout à fait raisonnable pour ce genre de problème!

    encore une fois je n'ai rien contre l'objet, mais j'ai quelque chose contre le téléchargement illégal...;)

    bises!

    RépondreSupprimer