dimanche 26 juin 2011

Va voir là-bas si j'y suis! (indice: j'y suis)


Là-bas, c'est sur le blog de Kid You Not podcast, le podcast sur la littérature jeunesse que j'ai lancé récemment avec ma copine Lauren.

Aujourd'hui, il y a sur ce blog ma critique d'un très très beau roman pour ados intitulé Artichoke Hearts par Sita Brahmachari. Cliquez ici pour y accéder (il faut avoir des notions d'angliche par contre vu que c'est en angliche). J'espère qu'elle vous convaincra d'acheter Artichoke Hearts (je ne sais pas encore, comme d'habitude, s'il sortira en français car il est tout récent).

Merci au passage à Agnès qui vient de laisser un gentil commentaire après avoir écouté le podcast! Je vous encourage à faire de même, évidemment :)

jeudi 23 juin 2011

Le top 10 des questions les plus posées à l'auteur/e débutant/e

Cela fait plus d'un an que mes deux premiers bouquins sont sortis, Samiha et les fantômes et Les petites filles top-modèles chez Talents Hauts, et je me suis dit que j'allais faire une petite rétrospective des 10 questions qu'on m'a le plus souvent posées au cours de cette année. Au cas où t'aurais pas trop le temps d'aller dans le détail t'as qu'à lire la partie en gras et t'auras l'ossature de ma profonde réflexion. J'espère qu'elle te sera utile, auteur/e débutant/e comme moi-même, et/ou questionneur d'auteur/e débutant/e! Ajoute-z-y les tiennes dans les commentaires, dans la joie et la bonne humeur.

10. 'Hého mais oui mais quand même, hein, combien t'en as vendu alors, à peu près, dis?'

Ma réponse était d'abord 'Ben... j'en sais rien.' Ensuite je suis passée à 'Ben... le premier tirage était à 3000/4000, alors après je sais pas trop, hein...' Et puis ensuite, suite à un email de mes éditrices, ma verve s'est faite plus confiante: 'Il paraît que les Petites filles sont l'un de leurs bestsellers' (là le mec s'imagine que ça veut dire qu'il dépasse Dan Brown au compteur) Mais le quidam, mon ami, ne se satisfait pas ce cette réponse. Il faut des chiffres! (On sait pas trop pourquoi mais c'est indispensable.) Préparez donc la réponse suivante:

"Alors écoute j'ai un logiciel magique qui permet de suivre tout ça en temps réel sur mon iPhone. Aux dernières nouvelles de cette semaine Madame Trouffu de l'école Jean-Pierre François en a acheté vingt-sept exemplaires pour sa classe de CM2. La librairie Les Mots Bleus à Saint-Troubillon-lès-Flobarts en a vendu cinq samedi. Le cousin du collègue de ma mère en a acheté un à sa fille, du coup, le compte sur les dix derniers mois s'élève à 2042. Après je te donne le prix HT et mon pourcentage de royalties et tu peux calculer combien j'ai dans mon bas de laine pour voir si tu peux me gratter deux euros cinquante pour le café qu'on est en train de prendre ensemble".

Ayez toujours cette réponse dans votre poche.

9. 'Mais pourquoi t'es pas partie en tournée internationale de promotion?'


Ami, je comprends ton désir intense de me savoir en vadrouille de Dunkerque à Santa Monica à vendre mes deux livres à des fans déchirant leurs chemises. Malheureusement, ça marche pas comme ça pour l'auteur/e en herbe. J'ai été, en effet, invitée à quelques (je dis bien quelques, pas cinquante mille) salons, mais j'habite en Outre-Manchie et l'Angliche refuse de me laisser partir tant que je n'ai pas clos ma thèse doctorale en huit mille pages reliées. Secundo, c'est pas en ayant publié deux livres que ton éditeur te paie un billet de première classe pour aller promouvoir tes oeuvres chez les Québécois.

8. 'Tu passes quand chez Ruquier?'

Boh, tu sais, maintenant que Zemmour et Naulleau n'y sont plus...

Non, sérieusement, je sais que ça te ferait planer si à la machine à café tu pouvais raconter aux potes que tu connais une nana qui est passée à la télé. Mais la vérité, c'est que la littérature jeunesse est sous-représentée dans les médias grand public. C'est génial d'y avoir accès, mais il faut aussi considérer les moyens alternatifs. Je m'estime déjà très chanceuse d'avoir pu faire quelques radios avec Samiha, mais je suis aussi absolument ravie que les Petites filles aient donné de jolis billets de blogs. C'est grâce aux blogs de littérature jeunesse, en très grande partie, que les livres sont promus. Alors merci bloggeuses et bloggeurs!

7. 'Pourquoi je trouve pas tes livres à la librairie du coin de ma rue? Ca veut dire qu'ils sont nuls?'

Oui, exactement.

Réponse alternative: pas forcément. Les librairies sont des endroits géniaux qu'il faut protéger à tout prix, mais elles ont évidemment leurs limites: elles n'ont pas un espace infini. Et par rapport au nombre de livres publiés (tellement énorme que même Einstein il a du mal à l'imaginer), si tu penses que chaque livre publié est constamment en librairie, c'est comme si tu essayais de faire tenir deux cents dominos dans une boîte d'allumettes.

Alors les librairies stockent principalement: 1) les nouveautés; 2) ce qui s'écoule régulièrement; et 3) les best-sellers. Les autres sont remerciés après un certain temps.

Mais ça ne veut pas dire qu'ils n'existent plus que sur Amazon! Si tu aimes bien les livres d'un auteur, et que tu ne les trouves pas en librairie, je t'en prie, commande-les! C'est vraiment un plus pour un auteur, car quand on passe commande en librairie on augmente la visibilité d'un livre auprès du libraire et auprès des clients. Et on soutient indirectement toute l'industrie qui en a bien besoin.

6. 'Et alors à quand la prochaine publication?'


Ca, c'est une bonne question. Et une question stressante. Ce que j'ai appris cette année, c'est que contrairement au vieil adage, ce n'est pas forcément vrai que 'plus on publie, plus on publie'. Du moins, ce n'est pas infaillible. Je publie mon troisième livre, La plume de Marie, en septembre chez Talents Hauts, et je n'ai jamais autant écrit de ma vie, mais la vérité c'est qu'il faut continuer à passer par les mêmes chemins d'écriture-envois-rejets: il n'y a pas de sésame secret! Avec la pression en plus, peut-être, car il faut continuer à publier pour rester dans le coup.

5. 'Tu googles ton nom tous les jours pour savoir ce que l'on écrit sur toi?'

Oui, j'ai installé une alarme qui me réveille au son de 'Soldat lève-toi' dès que quelqu'un écrit mon nom sur Internet. LOL (si c'était le cas elle sonnerait genre une fois tous les trois mois). J'ai googlé mon nom à peu près 3 fois en un an et ce n'est pas une expérience que j'apprécie vraiment.

D'une part, je trouve cela véritablement stressant de découvrir par hasard des critiques, qu'elles soient bonnes ou mauvaises (même si dans le premier cas, ça me fait très plaisir, bien sûr!) Je suis évidemment absolument ravie, émerveillée, honorée qu'elles existent, mais je n'ai jamais voulu devenir une obsessionnelle-compulsive de la critique. Imagine que tu aies la possibilité de trouver sur Internet des critiques de ton bébé. Certes, tu peux tomber sur 'Le fils de Marie-Françoise est un charmant exemple de jeune humanité dont les joues roses ravissent le regard et la voix enchanteresse caresse le tympan.' Mais en un autre clic tu peux aussi tomber sur 'L'abominable petit Séraphin est un gros poupon rosâtre dont on peine à discerner les contours et qui fait preuve d'un manque de conversation inquiétant pour ses dix-huit mois.' Ca retient un peu ton ambition de googler le nom de ta progéniture.

D'autre part, je suis moi-même critique à mes heures de bouquins en tous genres, ici et sur mes blogs anglais, et je veux le faire librement et indépendamment. Je n'aime pas l'idée que l'auteur/e cherche compulsivement à lire absolument tout ce qui se dit sur son livre. Pour moi, la règle numéro un, c'est la suivante: les critiques ne sont pas faites pour les auteurs. Elles sont faites pour les lecteurs, potentiels et réels. Un point c'est tout. Lire systématiquement ses critiques comme si sa vie en dépendait, c'est s'exposer soit à un enflement de cheville colossal soit à de sombres pensées de meurtres. Les critiques ne sont pas faites pour les auteurs. Il faut laisser aux critiques la liberté de penser que leur bilan de lecture ne sera pas lu et ressassé par les auteurs qu'ils égratignent ou encensent.


4. 'Pourquoi tu traduis pas tes livres toi-même en anglais/chinois/martien pour les vendre à l'étranger?'


Celle-là, c'est ma bête noire, surtout qu'elle vient exclusivement de personnes qui disent connaître le monde de l'édition. C'est une question tellement erronnée sur douze mille niveaux qu'il faudrait toute une journée pour réexpliquer comment fonctionne le système éditorial au niveau international.

Commençons par le commencement. Oui, je suis bilingue. Mais si tous les bilingues étaient traducteurs, pourquoi certains s'échineraient-ils à faire des masters de traduction? En posant cette question, tu dévalues indirectement tout le travail extrêmement difficile et extrêmement pointu du traducteur littéraire. Il faut des années d'expérience et d'études pour être traducteur - oui oui, même pour un album de trois cents mots.

Deuxième point. En général, on me dit ça pour l'anglais (c'est ma seule autre langue vu que je suis une ostracisée de Babel). Or, il est malheureusement très bien connu que les anglo-saxons achètent une quantité absolument quantique de livres étrangers. C'est un fait. Il n'achètent rien. Le nombre est négligeable. Ce n'est pas en me ramenant avec une belle traduction de mes deux livres que je changerai leur état d'esprit complètement insulaire.

Et enfin, les droits ne m'appartiennent pas, tout simplement! Même si je développais un talent génialissime pour la traduction littéraire, et même si je trouvais un éditeur angliche désireux de publier ma prose, Laurence et Mélanie de chez Talents Hauts me feraient sacrément la tronche si je décidais de me faire du flouze en Outre-Manchie sur un bouquin dont elles ont obtenu les droits tout à fait honnêtement. (Sauf si, bien sûr, cela se faisait dans les règles du contrat.)

3. 'T'as choisi l'illustratrice, le titre, la mise en page, la couverture et la police d'écriture?'


Non. Je comprends très bien cette question, mais non. Ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas heureuse du résultat. Les éditeurs éditent - ils font des choix éditoriaux. C'est leur rôle. Laurence et Mélanie ont publié quatre-vingts livres avant les miens. Moi: zéro. Qui a le plus d'expérience?

Beaucoup de gens pensent que l'auteur/e a énormément d'influence sur ce genre de décisions mais à moins d'être Amélie Nothomb (et encore!) ce n'est tout simplement pas son travail de prendre des décisions marketing. Il faut faire confiance à la branche de l'industrie qui s'en charge par nature. Pour l'illustration, ça se discute, mais pour l'instant j'ai toujours eu de merveilleuses surprises et je pense que c'est la même chose pour beaucoup de gens. Il faut arrêter de croire que les auteur/es ont une sorte de don magique qui leur permettrait de tout faire.

2. 'T'as rencontré qui comme auteurs?'

Un certain nombre... mais pas dans le cadre de mon écriture! Sous mon autre casquette d'universitaire.

Par contre, ce que j'ai absolument adoré dans l'année écoulée, ce sont les rencontres virtuelles. Toutes les auteures et illustratrices dont les blogs sont listés dans la barre de droite de ce blog, et avec qui je corresponds, et qui commentent mes articles, et dont je commente les leurs, et dont je lis les livres. C'est une ressource extraordinaire, et qui rend l'écriture mille fois moins solitaire! Je recommande vraiment, chaleureusement, sans restriction à tous les auteurs de créer un blog et de discuter avec les autres.
Professionnellement et personnellement, c'est un enrichissement constant.

1. 'Oui, bon, d'accord, mais quand est-ce que tu feras de la vraie littérature?'

Quand le reste du monde commencera à considérer la littérature jeunesse comme de la vraie littérature.

dimanche 19 juin 2011

Je podcaste, tu podcastes, nous podcastons

Oyez, ceux et celles d'entre vous qui avez l'oreille anglophile: mon amie Lauren et moi lançons un tout nouveau podcast sur la littérature jeunesse dans la langue d'Anne Fine!

Lauren bosse dans l'édition, et je, comme tout un chacun le sait qui s'intéresse très vaguement à mes activités, suis doctorante en littérature jeunesse. Notre nouveau podcast, Kid You Not, mélange les deux approches pour des discussions en profondeur sur la discipline avec quand même un peu de rigolitude parfois. Peut-être que c'est possible que ça vous intéresse.

Notre site internet est ici: http://kidyounotpodcast.com - et il contient dès aujourd'hui notre tout premier épisode, 'Surely that's not a children's book!', que vous pouvez streamer en ligne ou bien télécharger.

Ce sera plus facile quand on aura une page iTunes, dès demain nous l'espérons; en attendant, si tu le veux sur ton iPod pour l'écouter en joggant ou en replantant tes oeillets, va dans iTunes, clique sur 'Avancé' dans la barre du haut, et puis 'S'abonner à un podcast', et tape ensuite le sésame suivant: http://kidyounotpodcast.com/feed/ . Magie magie, nos jolies voix se téléchargeront dans ta bibliothèque!

Notre blog est censé être participatif alors participe si ça te chante.

Je serais méga reconnaissante si vous faisiez tourner l'info dans vos cercles de potes et potesses adeptes de littérature jeunesse et qui auraient envie d'écouter deux jeunes femmes compétentes et passionnées s'entretenir du sujet en question avec pertinence et enthousiasme... (pitêtre).

Ou alors à ceux qui veulent apprendre l'anglais en s'amusant...

Voilou, merci beaucoup!

mercredi 8 juin 2011

La plume de Marie, couverture



Voici la couverture de La plume de Marie, illustrée par Anaïs Bernabé!

Sortie le 8 septembre.

mardi 7 juin 2011

Incohérences, ou La Terreur du Truc Qui Tient Pas Debout

Ecrire, c'est un peu faire l'équilibriste qui jongle sur un fil avec le temps du récit, l'endroit du récit, la psychologie des personnages, le thème de l'histoire, bien entendu son déroulement, et le langage employé pour décrire tout ça. Et quand il y en a un qui ne se raccroche pas bien aux autres, dans le meilleur des cas personne ne le remarque, dans le pire des cas tout l'ensemble s'effondre. Vous l'avez deviné, c'est de la redoutée Incohérence avec ses grandes dents pointues dont ce billet va parler! Si t'es cap et que t'as pas peur, continue à lire.

Dans La plume de Marie, mon roman illustré par Anaïs Bernabé que Talents Hauts publie en septembre, il y avait une incohérence encore plus énorme que ta tête, au point que c'est difficile à croire que personne ne l'avait repérée avant. L'histoire se passe en 1650, et l'héroïne, Marie, est née le même jour que Louis XIV. Ils ont tous les deux 11-12 ans. Je précise que je suis abyssalement nulle en histoire, mais pour échafauder une intrigue crédible j'avais fait des recherches étendues en librairie (enfin, sur Wikipédia) et j'avais assuré mes arrières en faisant en sorte d'écrire non pas un roman historique, mais un roman qui-se-passe-au-dix-septième. J'avais fait bien attention aux détails - boiraient-ils du chocolat chaud? Auraient-ils tel ou tel servant? Quelles fringues porteraient-ils? - et je pensais que c'était plutôt crédible.

Manuscrit soumis à Laurence et Mélanie de chez Talents Hauts que je salue au passage; à mon père, passionné d'histoire; et à ma mère. Premiers retours: aucun énorme problème à première vue. Deuxième retour, après lecture par Justine, stagiaire chez Talents Hauts:

Alors il y a juste un petit problème, c'est qu'en 1650, vu que Louis XIV n'avait même pas encore éclos son premier bouton d'acné, Versailles n'existait pas, jusqu'à preuve du contraire.

Ah quand même. Je vous rassure tout de suite, l'intrigue ne se passe pas du tout à Versailles; le nom était simplement mentionné deux ou trois fois, donc très aisément corrigé. Mais pour laisser passer un truc aussi énorme avec cinq personnes aux commandes! Mon père a failli s'arracher les yeux tel Oedipe avec une pince à sucre. Terrorisée, j'ai ensuite fait relire le bouquin à ma copine Mathilde qui a fait son mémoire de master sur la Princesse de Clèves, et m'a donné de bons tuyaux. A priori (je croise les doigts) pas d'autres anachronismes complètement délirants (nous en avons laissé passer quelques uns sous prétexte de licence poétique).

Le pire, c'est que c'est hyper fréquent. Presque toutes les fois où j'ai édité ou relu des livres allant être publiés lors de mes quelques jobs en édition, j'y ai trouvé des petites incohérences, souvent amusantes. Il y a les pas-trop-graves: personnages qui se lèvent deux fois dans un dialogue, qui se retrouvent mystérieusement assis sur la plage alors qu'ils se promenaient dans un parc, qui téléphonent d'une cabine pour l'amour du geste alors qu'il est précisé plus tôt qu'ils ont un portable comme tout un chacun, enfants qui pour une raison non précisée ne vont pas à l'école pendant la journée, jeudis qui suivent des mardis. Il y a les mots-qu'il-faut-pas: serpents qui 'courent à la rencontre', personnages qui se tutoient ou se vouvoient selon l'humeur et le moment, lapins qui demandent l'attention de 'tous les hommes et les femmes du clapier...'. Il y a les mais-comment-ils-font?: taupe aveugle qui lit un écriteau, personnage sans mains qui touche du doigt (c'est de moi celle-là), sans compter le plus fréquent et le plus magique (cf Tobie Lolness!), personnages qui survivent dans un endroit clos pendant très longtemps, avec assez à manger mais aucune indication de l'existence de toilettes! (variante féminine, la fille en road trip de plusieurs mois qui n'a jamais ses règles, faudra qu'on m'explique.)

Ces incohérences sont facilement repérables, mais en réalité il est presque impossible de garantir qu'un livre n'aura aucune incohérence, et plus il est gros et compliqué, plus les Incohérences à dents pointues trouvent le moyen de s'y nicher. Twilight, Narnia, Hunger Games et compagnie sont bourrés d'incohérences plus ou moins graves. L'une des raisons pour lesquelles j'admire tellement Harry Potter, par contre - enfin, parmi 10 000 autres - c'est la stupéfiante solidité de la série. Il y a extrêmement peu d'incohérences, elles sont absolument minimales, et seuls les fans les plus hardcores ont pu les repérer (PlayStation pas encore disponible en Europe quand Dudley en a une, nuit de pleine lune de juin 1997 ne correspondant pas à celle du Prisonnier d'Azkaban... et la plus drôle peut-être, relevée par ma soeur: Voldemort 'complètement invisible même à lui-même' dans le septième livre, mais qui distingue quand même sa propre main quelques lignes plus tard.)

Le pire, c'est les livres illustrés, parce qu'il y a encore une autre variable à prendre en compte: l'image. Entre la fille 'blonde' qui se retrouve clairement brune, la fenêtre ensoleillée alors qu'il pleut dans le texte, et la famille végétarienne qui mange un poulet rôti, il y a de quoi faire!

Comme dans les films où il y a fréquemment des erreurs de montage, des vases étrangement déplacés entre deux répliques, et des marques de bronzage de bikini dans les péplums, les livres doivent être relus et rerelus mille fois pour éviter ce genre de petits soucis. Les relecteurs doivent être ultravigilants et relire à chaque fois avec un esprit complètement détaché, sans rien considérer comme évident. Evidemment, la terreur ultime, c'est de trouver au dernier moment THE énorme incohérence qui va demander soixante-douze heures de réécriture.

Bref, là je viens de finir un autre roman et ça fait trois fois que je le relis en cherchant l'incohérence. Evidemment, plus tu la cherches, plus elle se cache juste devant toi, telles les lunettes que t'as perdues comme un débile et qui sont en fait sur ton nez. Je vais donc laisser reposer la pâte avant de repartir en chasse. C'est loin d'être 100% efficace, mais c'est la seule méthode possible, jusqu'à ce que nos amis les scientifiques inventent une machine à trouver des incohérences (ils en sont bien capables, ces animaux-là).

Et vous alors, quelles incohérences avez-vous dénichées dans vos bouquins? et dans d'autres?

mercredi 1 juin 2011

Compte-rendu de lectures

Deux livres lus récemment dont je ne doute pas qu'ils traverseront (ont déjà traversé?) la Manche et seront en tête de gondole à la Fnac parce qu'en Anglicheland c'est déjà le buzz. Oui, grâce à ce billet, vous pourrez dire en avant-première que vous en avez déjà entendu parler (cite-moi par contre steuplé).

Dans la catégorie 'le bouquin tellement Jeune Adulte que c'est presque une parodie de bouquin Jeune Adulte': Numbers, par Rachel Ward.

Le pitch de ce bouquin, le concept de départ, disons, est sans doute l'une des meilleures idées ado/jeune adulte que j'aie jamais entendues (faute d'accord du participe, M. Orsenna? je sais plus). La voilà:

Jem, 15 ans, en famille d'accueil dans un quartier difficile de Londres depuis la mort de sa mère héroïnomane, est depuis la naissance atteinte d'un trouble assez particulier. Quand elle regarde quelqu'un dans les yeux, elle y voit une série de nombres - par exemple 19122045 - qui sont la date de mort de la personne en question. Par conséquent la demoiselle évite le contact, sachant depuis le début de toute relation quel jour elle se finira. Mais voilà que sans pouvoir résister elle se lie d'amitié, et plus si affinités, avec un ado à problèmes prénommé Spider. Elle sait qu'il mourra dans trois mois.

Et un jour que Spider et elle font la queue pour monter dans la grande roue du London Eye, elle s'aperçoit que tout le monde autour d'elle a la même date de mort dans les yeux. Et cette date, c'est aujourd'hui.

Maikeskivasepassé?

Bref, vous comprenez qu'après avoir pris connaissance de cette idée que je qualifierais d'assez géniale, je me suis précipitée chez Waterstones pour faire l'acquisition du bouquin. Il n'est pas long, à peine 2h de lecture, et il tient ses promesses: action, émotion, 'fuck' et 'shit' à tous les étages, et des ébats dans la paille. C'est du Jeune Adulte vraiment typique, et divertissant. Et qui pose des questions intéressantes sur notre rapport à la mort et son incertitude. Si l'on pouvait savoir quand, le voudrait-on?

L'idée de départ est excellente, mais c'est la fin du livre qui est véritablement un coup d'éclat. J'oserai même la qualifier du meilleur cliffhanger que j'aie jamais lu. Et vu que c'est une trilogie, c'est très malin de la part de Rachel Ward.

Dans la catégorie 'le bouquin que c'est presque un bouquin pour enfants mais en fait non', Pigeon English, par Stephen Kelman.

Stephen Kelman, que j'ai pu rencontrer lors d'une soirée premiers auteurs au Waterstones de Cambridge, est l'un de ces ovnis du monde de l'édition dont l'agente a dû organiser une vente aux enchères avec 12 (oui douze, twelve, mesdames et messieurs) différents éditeurs pour l'acquisition de son Pigeon English.

C'est certainement un livre différent et de qualité. L'histoire: Harrison est un jeune immigrant ghanéen de onze ans, installé, là encore, dans un quartier très chaud de Londres avec sa mère et sa petite soeur. Le roman suit quelques mois de sa vie, racontés par sa voix enthousiaste et attachante, durant lesquelles il joue aux apprentis détectives pour identifier le meurtrier d'un adolescent de son école, poignardé dans la rue à quelques pas de chez lui.

Ce qui ressort vraiment de ce roman, c'est l'incroyable voix d'Harrison, ce narrateur à la fois limité dans sa compréhension du monde par son jeune âge et d'un optimisme presque solaire malgré l'environnement très sombre qui transparaît dans son récit. Le livre est extrêmement drôle par moments, mais il ne faut pas s'y tromper, c'est véritablement un roman noir dans lequel la violence est omniprésence et l'impuissance des adultes et de la police soulignée à chaque page.

C'est officiellement un roman pour adultes, d'après Kelman lui-même (je lui ai posé la question), son agent, et son éditeur, mais personnellement je considère que c'est simplement un 'crossover', c'est-à-dire un roman dont la lecture ne dépend pas de l'âge du lecteur. De fait il serait idiot de le limiter à un lectorat adulte quand tant de thèmes abordés sont en réalité cruciaux pour un lectorat adolescent, même jeune ado. Comme d'habitude lorsqu'un livre est de haute qualité, on le classe automatiquement dans la catégorie adultes. C'est une erreur.