mercredi 28 septembre 2011

Débrief de colloque

Je reviens d'un colloque international organisé à l'université de Tübingen par une ponte germanique de la discipline, Bettina Kümmerling-Meibauer, sur l'histoire et la théorie des albums jeunesse. L'occasion une fois de plus de constater le dynamisme et l'incroyable diversité de la réflexion autour de ce genre.

Il y a les études théoriques qui cherchent à mieux comprendre, notamment, les rapports complexes entre le texte et l'image dans l'album jeunesse. D'autres examinent l'interaction entre l'album jeunesse et le livre d'artiste, qui vont l'un et l'autre de plus en plus loin dans l'expérimentation, passant souvent par la déconstruction de l'objet-livre. D'autres encore extirpent du texte et de l'image l'idéologie sous-jacente de l'album. De l'imagier pour bébés jusqu'à la bande dessinée pour adolescents, l'analyse critique révèle toute la sophistication et les paradoxes idéologiques de ce genre littéraire que tant de gens estiment 'transitoire', à remplacer vite fait par une connaissance plus 'mûre' du texte seul.

Il y a les études empiriques qui observent et analysent le comportement de l'enfant face à l'album, et notent ses préférences. On sait depuis une vingtaine d'années que l'enfant pré-lecteur possède des capacités d'analyse visuelle supérieures à celle de l'adulte. Les enfants sont, par ailleurs, beaucoup plus aptes qu'on ne le pense à décoder des images et des rapports image-textes complexes. Souvent les avis parentaux et même des professeurs quant au goût des enfants sont contredits par des études empiriques, qui démontrent clairement une attirance pour des albums sophistiqués à la signification ouverte.

A quoi servent ces études critiques? D'abord à aider les parents, les éducateurs, les bibliothécaires (beaucoup de chercheurs sont d'ailleurs enseignants ou bibliothécaires eux-mêmes, et souvent parents!) à appréhender la complexité des albums jeunesse, à les décrypter pour mieux les comprendre, et à privilégier ceux qui ne cèdent pas à la simplicité et présentent à l'enfant un univers visuel et verbal riche et foisonnant.

Mais aussi à établir et consolider notre discipline – celle de l'analyse de la littérature jeunesse – comme une entreprise rigoureuse et légitime, au même titre que l'analyse de texte et que l'analyse des beaux-arts.

Personnellement, je pense que l'analyse de la littérature jeunesse est même encore plus intéressante, encore plus diverse, encore plus osée, encore plus importante pour notre connaissance de l'humain que la littérature pour 'adultes'. Mais bon, me connaissant, vous saviez bien que j'allais dire ça.

;)

1 commentaire:

  1. ;) comme tu dis!
    Et passionnant, comme d'habitude!
    (tu savais que j'allais dire ça, hein?)

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