mercredi 5 octobre 2011

Ode à la paralittérature

Ni paranormal ni paradoxal, mais un peu parapluie, le terme de 'paralittérature' englobe tous ces trucs qui ressemblent à des bouquins mais franchement quand on regarde dedans et qu'on est un être cultivé et intellectuel on a envie de se dire que c'est pour la populace.

En d'autres termes: la paralittérature, c'est tout ce qui déborde du 'canon'. Le 'canon', c'est la littérature étudiée par des gens très sérieux à la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Le canonique dit Vladimir Nabokov, le paralittéraire répond Isaac Asimov.

Le canonique dit Thomas Mann, le paralittéraire répond Philip Pullman.

Le canonique dit Paul Valéry, le paralittéraire répond Marc Lévy.

Le canonique dit Fédor Dostoïevski, le paralittéraire répond René Goscinny.

Vous saisissez l'idée.

La paralittérature, c'est 99,9% de la chose littéraire, mais elle est examinée par 0,01% des chercheurs en littérature. Le canon est tout petit, mais il est très bien étudié. On en examine à l'heure qu'il est le rouage numéro 450 295 à gauche de l'endroit où quelqu'un a fait une thèse la dernière fois qui portait sur une dimension très contradictoire d'un concept de la taille d'une demi-fourmi.

Côté paralittérature, c'est la fête. On n'est pas grand-monde, mais on s'en donne à coeur joie. Et cet aspect-là? Et cet aspect-là? C'est un peu du n'importe quoi parfois. Mais un jour on réunira tout ça et on fera un grand livre qui dira:

« Voilà ce que la paralittérature peut nous apprendre sur l'humain, sur son envie de lire, d'écrire, d'apprendre, de jouer, de transmettre; sur ses angoisses, ses désirs, ses valeurs, ses croyances, ses constructions du monde ».

Les canoniques nous diront comme d'habitude qu'on est des clowns. Paralittéraires de tous bords, mettons nos nez rouges. C'est en examinant une littérature profondément humaine qu'on parle profondément de l'humain.

Mais bon. Il ne faudrait pas non plus que le paralittéraire devienne canonique. Ca ne serait plus marrant si on n'avait plus personne à embêter.

8 commentaires:

  1. Osons et vive la paralittérature !

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  2. C'est marrant, j'ai toujours l'impression d'être plus intelligente, après avoir fait un tour chez toi ;-)

    Et en plus, je me marre.

    C'est fort ça, non?

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  3. Si si, le paralittérature c'est ce qu'on appelle littérature un siècle ou deux plus tard. Qui prenait au sérieux un Villon ? Ou même Balzac, avec ses romans feuilletons qui faisaient pleurer les ménagères de moins de 40 ans... D'ailleurs à l'époque, il fallait écrire des tragédies, le roman c'était pas un truc vraiment sérieux. Mais c'est justement parce que cette "para"littérature fait profondément écho aux angoisses, aux désirs, aux valeurs, etc. de l'homme qu'elle trouve un écho dans le public, et que du coup les universitaires s'y intéressent. Le para-time, c'est quand ça décante. Il n'y a qu'à, pour s'en persuader, voir le nombre de plus en plus important de colloques sur la BD ou le policier sur Fabula. Et ce n'est pas par démagogie, c'est en effet mille fois plus intéressant que ledit morceau de demi-fourmi déjà digéré mille fois !

    Bref, bref, bref, d'accord avec toi, une nouvelle fois ;-)

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  4. C'est vrai, mais on est encore loin du compte avec la BD et les policiers et la littérature jeunesse... mais on y arrivera un jour! et après du coup faudra trouver autre chose - je mise sur les jeux vidéo :)

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  5. c'est parce que la paralittérature est moins étudiée, moins chic, qu'elle est aussi moins surveillée (et que les auteurs se préoccupent moins d'avoir des bons points, d'être respectables et validés par l'institution), et donc qu'il y a parmi les choses les plus intéressante qui s'y passent
    ne pas être reconnu, être méprisé même, il faut y voir une occasion de liberté
    super votre article

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  6. très vrai! d'ailleurs j'ai une amie iranienne qui m'a dit que c'est le département de littérature jeunesse qui est le moins surveillé à l'université de Téhéran... et du coup, c'est de loin le plus transgressif!

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  7. Autre très bon article! (je suis en train de tous les lire pour rattraper mon retard)
    Je suis allée en octobre à Lyon voir un colloque sur la bande-dessinée, et je peux t'assurer qu'elle commence vraiment à être très étudiée en littérature et dans la recherche en général. Le seul "hic" selon moi, c'est que la recherche tombe quelquefois dans ses propres pièges, et se met à étudier des bandes-dessinées quasi inconnues mais très complexes, et les dessinateurs présents se sentaient étrangers à ces interrogations trop abstraites voire "fumeuses" sur leur propre travail (après tu me diras, les auteurs de romans se sentent aussi étrangers à un colloque de chercheurs sur la fiction...)

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  8. Ah oui, ca c'est sur, c'est tres tres dynamique comme discipline! il y a des appels a communications tout le temps.

    Hehe quant aux auteurs, chacun sait qu'ils sont morts depuis Barthes... alors on s'en fiche... ;) plus serieusement, je ne suis pas tres convaincue de l'interet d'inviter des auteurs dans des colloques universitaires - je pense sincerement que ce sont deux discours differents, deux approches differentes, et que ca peut tourner au dialogue de sourds.

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