mercredi 21 décembre 2011

L'égalité homme-femme dans l'industrie de la littérature jeunesse: un beau conte de fées

C'est un billet qui ne va pas me faire gagner des amis, mais je me lance.

Ca faisait longtemps que je le soupçonnais, mais après une petite enquête j'en suis désormais convaincue: dans l'industrie de la littérature jeunesse, les créateurs sont majoritairement des femmes, mais les hommes s'arrangent quand même pour être au sommet de la gloire.

C'est, encore une fois, une manifestation du phénomène décrit dans un billet précédent sur la critique universitaire de la littérature jeunesse.

Attention/Warning/Achtung
: quand je dis 'les hommes s'arrangent quand même pour', n'allez pas croire que je suis adepte de la théorie du complot. C'est juste pour faire formule-choc, alors continuez à lire. Comme je vais l'expliquer, il est extrêmement difficile de déterminer les raisons de ce phénomène, même si je vais essayer de le faire en conclusion.

Pour commencer, j'ai voulu connaître à peu près la proportion de femmes et d'hommes créateurs de livres pour enfants. N'ayant pas trouvé de statistiques actuelles, j'ai compulsé le répertoire de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse et voilà ce qu'on obtient pour le quota d'hommes et de femmes (illustrateurs et auteurs compris):

Femmes: 66,5%
Hommes: 33,5%

NB: Prendre en compte une marge d'erreur estimée due au comptage manuel. De plus, la Charte étant une organisation à laquelle on se joint volontairement, elle n'est pas forcément entièrement représentative.

Avec un certain degré de réserve, on peut donc estimer que deux tiers des auteurs et illustrateurs jeunesses en France sont des auteures et illustratrices.

Pour expliquer cela, du moins en partie, il est important de savoir qu'historiquement, la littérature jeunesse est l'apanage des femmes. Considérée pendant deux siècles comme un outil éducatif, la littérature jeunesse est restée longtemps une littérature féminine, sous-estimée par les hommes.

Les prix de littérature jeunesse

Allons maintenant faire un petit tour statistique de deux des prix de littérature jeunesse français les plus prestigieux, décernés par des adultes. Comme vous allez le voir, les résultats sont assez édifiants, comme le montrent ces petits tableaux. (Là encore, prendre en compte une marge d'erreur due au comptage à la main)




Pour ceux qui ont la flemme de lire les tableaux, je vous fais un zapping:

Le Prix Sorcières, toutes catégories confondues, a été attribué à presque deux fois plus d'hommes que de femmes.

Le Prix Spécial du Prix Sorcières n'a été attribué qu'à des hommes.

La catégorie 'Romans adolescents' du Prix Sorcières est la seule de toutes à compter plus de femmes lauréates que d'hommes: 8 contre 7.

Dans les albums du Prix Sorcières, on atteint le niveau record de 19 lauréats contre 3 lauréates.

Le Prix Baobab a été attribué, en tout, à plus de trois fois plus d'hommes que de femmes. De 2000 à 2008, seule une femme l'a obtenu.

Au top du top de la reconnaissance artistique dans notre domaine de création, nous avons donc une majorité écrasante d'hommes alors que, je vous le rappelle, il n'y a environ qu'un tiers d'hommes dans la population totale des créateurs de livres pour enfants.

Les médias

Attention - je ne veux surtout pas accabler les quelques rares médias qui rendent un énorme service à la littérature jeunesse en promouvant les livres et les auteur/es. C'est donc sans volonté de culpabilisation ni d'opprobre publique (!), mais simplement pour donner un exemple, que j'attire ici l'attention sur le portail de la littérature jeunesse francophone, Ricochet, excellent site internet et une mine d'informations pour nous tous.

J'ai choisi de m'attacher aux deux rubriques de ce site qui proposent de rencontrer des auteurs: la rubrique 'Les invités de Ricochet' et la rubrique 'Les entretiens de Ricochet'.



On a ici aussi, comme pour les prix, une majorité d'hommes qui, bien qu'elle ne soit pas pachydermique, est complètement disproportionnée par rapport à la répartition hommes-femmes dans la population totale des créateurs de livres jeunesse.

Pourquoi?

Il est impossible de tirer des conclusions objectives - chacun aura sa propre opinion, et on marche toujours sur des oeufs dans ce domaine. Cependant, il est difficile de nier que:

- Il existe une surreprésentation des hommes créateurs de livres jeunesse dans les lauréats des prix de littérature jeunesse français les plus prestigieux.
- Certains médias spécialisés tendent à mettre en valeur, là encore de manière disproportionnée par rapport au nombre général, les hommes créateurs de livres jeunesse.

Maintenant, la question est de savoir pourquoi cette surreprésentation existe. Et là, on a le choix entre plusieurs hypothèses réjouissantes...

1) Les hommes sont tout simplement objectivement meilleurs que les femmes dans l'écriture et l'illustration de livres jeunesse. Que ce soit dû à un talent naturel ou à une meilleure éducation artistique, leurs productions sont meilleures en moyenne et les meilleurs parmi les hommes sont meilleurs que les meilleures parmi les femmes.

(Comme vous vous en doutez peut-être, c'est une hypothèse à laquelle je n'adhère pas beaucoup!)

2) En littérature jeunesse comme ailleurs, l'homme est la norme et la femme est l'autre: en d'autres termes, chacun peut s'identifier au masculin, mais seules les femmes peuvent s'identifier au féminin. A cause de ce préjugé inconscient, on porte aux nues les créations masculines, qui sont perçues comme les représentations les plus normatives de l'art que l'on souhaite louer; et ceci, même quand ce sont des femmes qui en jugent.

3) Victimes d'un autre préjugé, celui qui fait croire que l'homme est plus créatif, plus intelligent et surtout plus sérieux que la femme, on tend à préférer les créations signées par les hommes, surtout dans le domaine de la littérature jeunesse que l'on cherche à 'valider' auprès des milieux culturels plus 'élevés'. Primer des oeuvres d'hommes garantit inconsciemment la chute du 'mignon' et la montée du sérieux dans notre domaine de prédilection. Si les hommes s'y attachent, c'est que c'est un art et non pas un hobby.

4) Les hommes, qu'ils le fassent consciemment ou inconsciemment, savent mieux s'imposer que les femmes; ils savent se mettre en avant ainsi que leurs créations, sont plus intransigeants quant aux questions de contrats, de droits et d'édition, et sont plus compétitifs et ambitieux; ils maximisent leur utilisation de leur carnet d'adresses. Dans un domaine dominé par les femmes, ils sont particulièrement aptes à se faire bien voir et reconnaître.

5) Dans un milieu où évoluent tant de femmes, c'est le sentiment de compétition qui les pousse à valoriser des hommes, avec qui elles se sentent moins en compétition, plutôt que d'autres femmes.

6) Sorties d'un système éducatif qui valorise les garçons, et évoluant dans une société qui fait de même, les femmes sont tout simplement convaincues que les productions des hommes sont meilleures.

Je pense évidemment qu'il n'y a pas de réponse claire, et qu'il y a beaucoup de chances pour que ce soit en réalité un complexe mélange des cinq dernières hypothèses. Quoi qu'il en soit, la raison n'est pas que les hommes sont méchants et les femmes sont (trop) gentilles. C'est bien sûr beaucoup plus insidieux que ça. Si, inconsciemment, les femmes admirent et applaudissent les hommes plutôt que d'autres femmes, est-ce de leur 'faute' ou de celle d'un système ancestral qui a perpétué cette admiration?

Qu'en pensez-vous? Avez-vous d'autres hypothèses? Etes-vous complètement en désaccord? Faites-moi part de votre opinion dans les commentaires.

38 commentaires:

  1. Salut Clémentine,
    Merci et bravo pour ce billet. Eloquent. Je suis assez convaincue par tes pistes de reflexion ( pas la 1ère cela va de soi) .

    Beaucoup de collègues masculins constatent que le milieu de l'édition jeunesse est principalement féminin : des éditeurs aux acheteurs. J'extrapole mais j'imagine que cela les poussent à se montrer plus compétiteurs - on rejoint ton Point 4.

    Peut être y a t il une autre raison, ( attention je me lance,ça va pas être beau; c'est juste pour faire des noeuds ) : Parmi les 2/3 de femmes qui se disent auteur/illustrateur, combien le pratiquent en diléttantes pas comme un vrai métier? comme un à côté sympatoche, un loisir créatif pratiqué entre les courses à carrouf et les devoirs des bambins, toutes moulées qu'elles sont dans une répartition archaïque des rôles domestiques?
    Je sais bien que celles-ci ne sont pas la majorité et que cela n'explique en rien les statistiques allucinantes de récompenses .

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  2. Merci Célia, en effet je n'y avais pas pensé mais c'est une très bonne idée, car en effet il doit y avoir bien moins d'hommes qui pratiquent cette activité à temps partiel ou comme 'loisir créatif'.

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  3. Moi je trouve tes réflexions très pertinentes. De plus, pour qu'un secteur soit pris au sérieux, il est essentiel de montrer les hommes qui y participent. Et puis, c'est navrant, mais cette admiration pour le masculin est là, dans toutes les catégories socio-professionnelles, dans les médias, dans les mentalités, au sein des familles. En tout cas, très bon article ! :-)

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  4. Par ailleurs,je viens de jeter un oeil aux récompenses attribuées par le plus prestigieux prix de littérature destinée à la jeunesse et ça contredit un peu les stat de Montreuil. Ce que tu décrit ne serait -il pas un phénomène franco français ?
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_commémoratif_Astrid_Lindgren

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  5. C'est vrai! le prix Astrid Lindgren est un exemple dans ce domaine. Je pense qu'ils y font aussi très attention.

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  6. je rejoins quelque peu Célia... L'homme qui est auteur-illustrateur doit encore impérativement nourrir sa famille, donc il va considérer - et tout le monde autour de lui- , que c'est son TRAVAIL et il se bat violemment pour. Eux c'est du sérieux, donc la reconnaissance sociale, c'est évident et normal... La femme qui est auteure -illustratrice, on lui demandera encore :"Oui mais tu travailles quand même?" "Heureusement ton mari travaille". Et le mari en question dira encore : tu peux bien emmener les enfants au poney-club, chez le médecin, tu peux bien aller faire les courses, toi tu ne travailles pas... On entendra facilement " Toi tu as de la chance, tu restes à la maison, tu fais ce que tu veux"...... C'est pas vraiment sérieux, n'est-ce-pas? les femmes elles font ça pour s'amuser....

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  7. Merci pour cet article passionnant qui pousse à réfléchir - réfléchir pendant les vacances, on n'a pas idée !
    Je me posait d'autres questions : qui achète les livres pour les enfants, les pères ou les mères ? Qui accompagne massivement les enfants le mercredi à la bibliothèque, les pères ou les mères ?
    Votre article rejoint une réflexion que j'avais avec une amie illustratrice, lui disant que dans mes albums favoris, il y avait beaucoup d'albums de mecs, Ungerer, Sendak, Pillot, Place, Girel, Tallec, Jeffers, Lemant... Ce n'était qu'une constatation. Ces livres sont-ils, en effet, davantage mis en avant par les éditeurs (qui sont des éditrices le plus souvent) ?
    Une dernière chose, les chiffres que vous avancez pourraient être comparés à ceux de la répartition homme/femme dans l'enseignement. Quasiment que des femmes en école maternelle, quelques hommes en élémentaire et plus on grimpe dans les âges des élèves, plus il y a d'hommes d'ailleurs, surtout dans les postes d'encadrement...

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  8. Merci pour ces commentaires. Il y a en effet beaucoup de questions liées à la répartition des rôles hommes/femmes dans l'éducation des enfants, de la petite enfance jusqu'à l'université.

    Cieloysol - oui exactement, le travail à mi-temps et le culte du 'hobby' sont souvent le lot des femmes, en plus des activités d'entretien du foyer qui rendent toute professionnalisation difficile.

    Za - il est extrêmement ardu de trouver des statistiques précises à ce sujet, mais comme vous je suis convaincue que ce sont majoritairement des femmes qui achètent et empruntent des livres pour enfants, ce qui rend la question d'autant plus complexe.

    Je pense que tout cela est principalement inconscient - si vous dites aux libraires, bibliothécaires, éditrices etc qu'elles mettent en avant davantage d'hommes que de femmes, elles seront sans doute complètement en désaccord, ou diront que ce n'est pas un critère qui les influence. Mais inconsciemment je pense que c'en est un, pour elles et pour tout le monde...

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  9. bonjour, je suis assez "jeune" dans le milieu en tant qu'auteur illustrateur, mais merci des éclaircissements, je n'avais j'amis fait attention restant sur en effet une plus grande représentation féminine dans le milieu. D'un coté je suis 100% d'accord avec ce billet, mais d'un autre je me demande si le "sexe" d'un succès est important. Evidemment je parle en tant qu'homme, ce qui biaise le truc, mais c'est le livre qui est important non ? Autre critère, si la gloire est si masculine, quid des ventes de livres sur le sujet ? Afini de savoir si la aussi les hommes tirent la couverture. Enfin, petit point mais je eme trompe peut être,: n'y a t il pas plus de femmes que d'homme dans les attributions de prix littéraires de notre microcosme ?

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  10. Bonjour Fabien, je pense tout à fait qu'il y a plus de femmes que d'hommes dans les jurys de prix littéraires - ce qui rend cette surreprésentation d'autant plus surréaliste ;)

    Je pense que le sexe de l'auteur d'un livre n'a pas forcément de lien avec le succès - après tout, les deux auteurs jeunesse les plus riches au monde sont des femmes. Mais un livre qui a énormément de succès public peut avoir très peu de succès critique, et c'est là, je pense, que les préjugés inconscients entrent en ligne de compte. C'est pour cela que cet article s'attache seulement à la reconnaissance critique dans le milieu de la littérature jeunesse. Il serait intéressant d'avoir des statistiques sur ce qui se vend le mieux, je pense qu'on arriverait là à des valeurs plus ou moins proportionnées à la répartition générale homme/femme.

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  11. Petite question : je sais pr jkr mais qui est la 2 ème femme ?

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  12. Stephenie Meyer pour Twilight? du moins je pense.

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  13. Je pense franchement que c'est juste inutile et je ne vois pas à quoi ça mène. En tant qu'auteur, j'ai principalement travaillé avec des éditrices (à 90%). Maintenant, pour les prix, faut vraiment avoir rien d'autre à foutre que de s'occuper de ce genre de choses. Un prix est un "plus" attribué à un bouquin par l'intermédiaire d'un réseau... les gens qui l'attribuent ne sont liés à aucun contrat d'impartialité. Ils l'attribuent à qui ils veulent et pour les raisons qui leur sont propres. J'en aprle avec d'autant plus de détachement que je n'en ai jamais reçu un, et que je m'en fous. Je fais pas concours du Bœuf Gras, j'essaie de faire des bouquins, de les faire au mieux et le plus longtemps possible. Tous les à-côtés du milieu, les gestions de nombrilisme sexué ou simplement égotiste, je m'en tape. Sauf quand ça empoisonne l'atmosphère. Des années que j'entends des mecs et des mecques dire : "Pourquoi on publie un tel ?" Et je réponds que l'éditeur fait ce qu'il veut avec son fric. S'il estime devoir le miser sur un tel plutôt que sur un autre, c'est son droit. La Justice n'a rien à voir là-dedans. Si un homme ou une femme n'est pas content ou contente, il ou elle peut toujours fonder sa propre maison et se bombarder PDG suprême.

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  14. Tant mieux si ce sont des problèmes qui ne vous concernent pas, mais pour d'autres (pour beaucoup) c'est une question importante. D'autant que, comme vous le notez, ce n'est pas lié au nombre de femmes dans l'industrie, loin de là.

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    1. Merci Gaël pour la sincérité et l'humour et le réalisme de ton message. J'apprécie même si je le découvre plusieurs mois après... L'article qui précède est vraiment très intéressant ! Anne Poiré

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  16. Merci Gaël, c'est très intéressant ce témoignage!

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  17. Euh, les prix c'est important ? Ah bon... Pour qui ? Moi, quand un homme reçoit un prix je ne me sens ni grandi ni diminué. De toute façon, le nombre ne fait pas la justesse de la réflexion. Bon, à part ça, je trouve que la proportion d'auteurs noirs, jaunes ou rouges n'est pas respectée. faudrait se pencher sur la question. Je suis certain que la question titille déjà certains esprits.

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  18. comme dit francesco pittau, on nage en plein délire...
    on pourrait effectivement rétorquer le contraire en notant que le milieu de la littérature jeunesse est sureprésenté par les femmes: éditrices, libraires, bibliothécaires, journalistes, organisatrices de salon. Ca ne me dérange pas, et je ne vais pas m'amuser à compter.
    et puis, là, on est dans un domaine artistique, ce n'est pas quantitatif, c'est qualitatif: kitty crowter, anne herbauts, marie aude murail, marie depleschin, malika ferdjoukh, anne laure bon,doux, beatrice alemagna, elzbieta, ne se comptent pas une par une, au vu de la qualité de leur travail et de leur influence dans notre métier...

    Puisqu'on en est au stade des statistiques, je vais vous retourner la question d'une autre manière:
    combien y a t-il d'auteurs (ses) jeunesse, illustrateurs (trices) issus des classes populaires, d'enfants d'ouvriers ou de petits salaires? amusez vous à compter, vous allez voir, c'est édifiant. la plupart des écrivains et des illustrateurs sont issus des classes moyennes supérieures ou supérieures. (souvent issus de professions intellectuelles ou artistiques ou enseignantes) Ce qui donne aussi une vision orientée du monde dans les livres pour enfants.

    tout ça pour dire qu'on n'est peut être plus dans une lutte des sexes, mais qu'on est encore et toujours dans une lutte des classes (et je suis tranquille là dessus, je suis loin d'être communiste)

    vincent

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  19. 'Nager en plein délire' me semble un tout petit peu excessif! :D

    et oui, vous avez raison, il y a AUSSI des problèmes de représentation sociale.

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  20. article intéressant, je partage la plupart des points que vous développez
    et comme dit celia chauffrey, il y a aussi sans doute plus de femmes qui font ce métier alors que leur mari gagne de quoi faire vivre le foyer (avec un métier classique)
    il n'y a rien de mal à ça
    mais cela dit quelque chose de l'implication
    bon ça serait chouette d'inverser les rôles parfois :-)
    Et sinon, il faudrait enquêter aussi pour voir de quel milieu social viennent les lauréats, car il n'y a pas que le sexisme, il y a aussi (qui s'ajoutent pour les auteures illustratrices venant de milieux défavorisés comme on dit) des classes sociales.

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  21. Oui absolument, c'est plus difficile à quantifier et d'autant plus problématique.

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  22. Passionnant comme toujours Clémentine!
    Et j'aime que tu poses des questions, autant que tu apportes des débuts de réponses.

    Quant à "Si vous z'êtes pas content, vous n'avez qu'à ouvrir une maison d'édition" (je résume), ahahaha! Meilleur commentaire qui fait avancer le schmilblick!

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  23. Tu as touché un sujet sensible on dirait Clémentine !!!! il y a ici "quelques" hommes que ça échauffe quand on ne fait que constater et S'INTERROGER sur l'ordre des choses.... Surtout surtout ne bougez pas trop fort, ne pensez pas trop juste, mesdames mesdemoiselles les auteures illustratrices!

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  24. Oh ma Clem qu'as tu fait là ??? Tu veux brûler en enfer ou quoi ? Moi je vais te faire bouffer du "Martine" et du "Johan et Pirlouit" ça te fera pas de mal tiens ;)
    Ton article est très intéressant et je pense que certains propos sont un poil excessif ... Ton étude est fondée sur de vrais chiffres donc l'analyse faite est juste maintenant chacun en tire ses conclusions, s'il y en a une qui s'avère la plus probable, ou pas.
    Bien évidemment on peut parler aussi de la présence des hommes dans tout le secteur du livre, je suis bibliothécaire et sur 35 employés il n'y a seulement que 5 hommes (les veinards / les pauvres : cocher ce qu'il vous plaît). Mais je pense que c'est plus profond comme tu l'évoque dans ton article, il y a quelque chose d'historique et de la représentation de la femme et de l'homme dans l'éducation, bref j'arrive pas à m'exprimer mais je pense que tu as juste jeté un pavé dans la mare vu les réactions.
    Quand à savoir de quels milieux viennent les auteurs/illustrateurs, on va lancer un gros sondage pour savoir, car ceux que je connais, alors biensûr je suis débutante hein (baaah la novice),sont issus majoritairement de classes moyennes (et moi j'ai grandi avec une maman dans la fonction publique et un papa ouvrier, c'est grave docteur ?).
    Un grand bravo, tu me surprendras toujours !!

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  25. mince alors...un bon texte..une grande illustration...je veux dire qui touche un enfant....qu'il soit écrit ou qu'elle soit faite par une femme ou un homme...j'espère qu'elle est une bonne illustration, qu'il est un bon texte tout simplement. merci Vincent pour toutes ces femmes citées....j'y glisse Carole Chaix, Natalie Fortier, Cathy Ytak, Anne-Laure Bondoux, Claire Cantais, valérie Zenati, Frédérique Bertrand, Isabelle Rossignol, Jeanne Benameur, Judith Gueyfier, Ramona Badescu, Magalie Le Huche et d'autres encore ! et des hommes pareil ! au prochain épisode ! ces statistiques ? à quoi servent-elles quand nous nous trouvons devant des enfants pour accompagner ce que nous avons glissé sur le papier ?? Il y a les livres de chez Talent haut dans la marge...très bien..mais arrêtons les chiffres..................
    Thomas Scotto (avec son écriture de "fille" comme on m'a signalé souvent)

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  26. Bonjour et merci pour vos commentaires, desolee pour le retard dans la moderation (j'etais sortie)

    A Vincent, Thomas et Francesco - je n'ai rien contre la critique, bien au contraire, mais j'aimerais bien qu'on lise mon article avant - ou ai-je parle de la qualite des livres publies? Evidemment qu'il y a des creatrices exceptionnelles. Ce qui m'etonne -et vous noterez que c'est un constat et non une supposition 'delirante' pour reprendre les mots de V - c'est qu'au niveau de la reconnaissance 'officielle' dans notre domaine cela ne se retrouve pas.

    Ne soyez donc pas si agressifs chers messieurs... Que ce soit ici ou sur FB (j'ai mes informatrices!) sans rancune, j'espere ! Je ne cherche pas a lancer une lutte des sexes (encore l'expression de M.C) - relisez mom billet, je suis presque plus critique du mien que du votre... ;)

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  27. @ Fanny : non ce n'est pas grave rassurez vous.
    @ Thomas : disons que ce serait un travail de sociologue, et que l'article de Clémentine Beauvais part d'intuitions, il n'est pas exhaustif, mais il y a des choses à creuser. Ensuite libre à nous de nous interroger (ou pas, ce qui est tout à fait légitime) sur l'origine, le sexe, sur ce qu'on veut. Toute connaissance est une richesse, même s'il y a des chiffres dedans.
    Et puis s'il y a du débat ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle je trouve. Les engueulades (respectueuses) ont du bon dans ce milieu bien policé :-)
    C'est un peu le drame des études sociologiques (ici ok ce n'est pas une étude scientifique) : il peut y avoir un fossé entre notre sentiment profond et la réalité.
    En littérature adulte, la plupart des éditeurs sont des hommes, les lauréats des prix aussi (sans parler des membres des jurys). Et quand une fille apparaît elle a intérêt à faire la fille si elle veut avoir de l'attention. Mais la pression sociale n'est pas absente pour les hommes non plus... Qui disait les dominants sont dominés par leur domination ? Et souvent ils en payent le prix.
    Merci en tout cas pour cette liste de noms, je ne connaissais pas certaines.

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  28. Au delà de ces statistiques qui sont, selon moi, inutiles, je m'insurge contre l'image réductrice qui est faite des femmes de l'édition dans les commentaires.
    Si je résume, quand l'auteure a du temps entre son "hobby" d'écriture et le linge à repasser, elle peut discuter avec des éditrices qui se pâment devant des auteurs hommes ou avec d'autres auteures qui doivent minauder pour se faire remarquer.

    Je suis éditrice, quand je reçois un texte, le 1er critère de sélection est qu'il soit bon. Point.

    et pour info, plus de 50% des auteurs/illustrateurs avec qui je travaille sont des femmes.

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  29. Martin - vous soulevez un point très intéressant, qui est que c'est peut-être en se conformant à un rôle masculin, plutôt qu'en étant nécessairement homme ou femme, que l'on réussit mieux.

    Anonyme (nb je n'aime pas beaucoup les commentaires anonymes) - je crois qu'il est clair d'après les commentaires que c'est non pas ce que pensent les gens, mais plutôt des préjugés que l'on cherche à imposer des femmes dans l'édition.

    Enfin surtout des créatrices, car je pense que ce ne sont pas tellement les éditeurs/trices qui sont en cause. Les femmes sont énormément publiées, c'est absolument indubitable, vous précisez que vous travaillez avec plus de 50% mais c'est un fait que j'énonce dès le deuxième paragraphe.

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  30. Clémentine : personne n'a relevé je crois, mais parler d'industrie (de la littérature jeunesse), ce n'est pas classique
    mais cela me semble assez juste
    certes beaucoup d'éditeurs et auteurs travaillent comme des artisans,
    mais c'est prendre acte que ce n'est pas un milieu mignon : il y a des groupes, des actionnaires, (et des maisons indépendantes bien sûr). Les rapports y sont parfois durs, dignes de rapports entre patrons et ouvriers (là encore ça dépend beaucoup des maisons, de mon côté j'ai tjrs été bien traité, mais on parle peu de ces cas, pas si rares, où ce n'est pas le cas, où l'on fait peser sur des auteurs et des illustrateurs des décisions du groupe éditorial, qui ont pour résultat une plus grande précarisation).

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  31. Ah tiens je n'y avais pas pensé, du coup je pense que j'ai dû utiliser le terme par déformation, d'après l'anglais...

    C'est peut-être moins une 'industrie' quand même que dans les pays anglo-saxons, mais c'est vrai que ce n'est pas non plus une organisation caritative hein ;)

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  32. Un peu d'eau pour ton moulin :

    http://vidaweb.org/the-count-2010

    (et bonne année !)

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    1. J'avais raté ce billet... courageux et édifiant. Merci Clémentine :-)

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  34. héhé tu arrives après la bataille ;)

    merci!

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  35. Je me demande aussi s'il n'y a pas plus de femmes que d'hommes dans la recherche sur la littérature jeunesse? Toi qui te trouve dedans, qu'en penses-tu?

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  36. oui! voir http://clementinebleue.blogspot.com/2011/12/vie-de-meuf-universitaire.html :)

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