Mais il y a un autre plaisir, que je découvre maintenant de plus en plus, et qui est le plaisir de voir ce livre continuer à se transformer, entre les mains d'autres personnes - et se mettre à adopter des formats aussi imprévus qu'étonnants... Sous tes yeux ébahis, Carapuce devient Tortank.
tu ne comprendras pas cette référence si tu as l'âge d'avoir voté Leave au référendum sur le Brexit |
... et celui-ci, en pain d'épices, pour l'un de mes petits livres anglais:
Il y a la boîte-livre et le livre pop-up - ce n'est pas une coïncidence si je vous montre ceux réalisés par la classe de M.-M. elle-même (MMLm'M), qui sont éplapourdissants...
l'incroyable boîte 'Carambol'anges', basée sur les illustrations d'Eglantine Ceulemans (notez la tombe de Mamie Paulette marquée 'RIP' dans le coin à gauche) |
pauvre Nel qui a du mal à conduire |
Il y a des livres qui deviennent des portes, comme ici, dans une école de Cambridge, avec ma petite superhéroïne Sesame:
Il y a ces transformations que l'on découvre en rencontres scolaires: cette jeune lectrice de Cherbourg qui a écrit la lettre, hyper émouvante, que Mireille, selon elle, a envoyée à Klaus après leur rencontre; cette école des environs de Cambridge où ma Sesame résolvait un mystère de nains de jardins volés dans l'enceinte de l'établissement; ces tout petits élèves de primaire à St Germain en Laye qui avaient écrit des alexandrins dans l'esprit de La plume de Marie; ces dizaines de masques d'animaux dessinés suite à la lecture de La louve...
Et ces transformations silencieuses, dont on entend parler par un email, un message ou une lettre: des gens qui ont lu et relu le livre et qui se le sont appropriés. Des gens qui se sont lu les livres à voix haute, ici un couple fraîchement marié, là deux amies. On reste toujours incrédule d'apprendre des choses comme ça.
Evidemment, il y a aussi ces livres qui se transforment par la traduction: récemment, j'ai reçu la version italienne des Petites filles top-modèles,
La louve, elle aussi traduite en italien, a carrément changé de tête:
En coréen, comme les Lettres de mon hélicoptêtre récemment aussi:
Malheureusement, je ne peux lire aucune des langues dans lesquelles mes livres sont traduits (allô les Espagnols?). Mais il y a quelque temps, j'ai eu le bonheur de lire un extrait de Songe à la douceur traduit en anglais par un traducteur professionnel, et comme c'était trente fois mieux que l'original, j'espère en voir la suite un jour...
Je suis moi-même en train de traduire Les petites reines en anglais, ouvrage de longue haleine dont je vous reparlerai sans doute quand j'aurai le courage.
Et puis récemment, d'autres surprises: The Royal Babysitters en audiolivre:
(bon, OK, mes compositions photographiques artistiques, c'est pas ça, mais je suis pas instragrammeuse professionnelle tavu)
Enfin, last but not least, le théâtre! Les petites reines est en ce moment en cours d'adaptation, comme je vous l'ai déjà dit, par Soy Création et une troupe du tonnerre emmenée par Justine Heynemann. J'ai vu il y a quelques mois la première lecture de la pièce - expérience totalement clouante. Tu connais le texte, vu que c'est toi qui l'as écrit. Mais quand les mots arrivent... ils ont cette différence. Cet écart. Cette transformation! Allez voir les super photos des trois comédiennes sur le site de la troupe...
Mais Manon Combes, Barbara Bolotner, Justine Bachelet, Mounir Magroum et Rachel Arditi ont de la concurrence: dans le cadre du prix Enlivrez-Vous, une classe a fait sa propre adaptation des Petites reines en sketchs...
EVEM2016 : "Les petites reines" par le collège... by enlivrez-vous-en-mai
Encore une transformation, encore (de mon côté) un sentiment qui se résume aux trois mots 'truc de fou!', pas hyper élégants mais seuls capables d'illustrer l'étonnement ravi qu'on ressent en voyant son bébé-livre se faire ad(o/a)pter par d'autres.
Ces exemples sont partagés par tous les auteurs, surtout ceux qui ont le bonheur de travailler en littérature jeunesse, où l'appropriation, la dévoration, la transfiguration d'un livre aimé n'a rien d'une honte.
Et parce que je me suis toujours moi-même adonnée au fan art, à la fan fiction, à l'adaptation (moi madame, j'ai fait une adaptation filmée d'un livre de Jacqueline Wilson, figurez-vous), au cosplay, à la parodie, au pastiche et autres transmogrifications lectorales, je suis d'autant plus émue.
D'ailleurs, la semaine prochaine, je vous dirai des nouvelles d'un certain livre que j'admire, et dont je vais moi-même participer à la transformation...
Sur ce cliffhanger haletant, je vous laisse!
Petite note: Je suis bien consciente de ne pas avoir écrit de billet depuis longtemps. La vérité, c'est que j'en ai trois en attente, non publiés - il se trouve que l'un d'entre eux, 'Contre le french-bashing en littérature jeunesse', était censé sortir (par coïncidence) un certain funeste vendredi où le pays dans lequel je vis depuis 10 ans a pris une décision aussi consternante que désespérante dont je ne suis pas encore tout à fait remise. Dans cette ambiance-là, le billet n'avait plus la même résonance, et je n'avais plus l'entrain nécessaire pour me remettre à bloguer passionnément. J'espère le retrouver bientôt.
Le voyage de tes mots n'a pas de limites... et c'est beau ! :)
RépondreSupprimertoi aussi, d'après ces vagues de messages que j'ai vues passer... :)
SupprimerToujours aussi heureuse de retrouver ton style inimitable!
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