mercredi 2 octobre 2013

Post-doc blues



Me voilà arrivée à un stade dans ma longue marche vers la maturité où je peux soudain m’identifier au problème existentiel analysé et narré par la plus grande théoricienne des complexités de l’âme humaine, j'ai nommé Britney Spears


‘Je ne suis plus une petite fille, pas encore une femme’

Ou plutôt, ‘Je ne suis plus doctorante, pas encore prof’. N’étant malheureusement pas pourvue des mêmes courbes, et ayant une peau fortement mélanomisante, je préfère ne pas aller me dandiner au sommet d’une montagne pour tenter de résoudre britnéiquement cette crise identitaire. Mais la question continue à se poser : que se passe-t-il donc dans ce no man’s land indéfini de mi-chemin entre A et B qu’on appelle post-doc ? 

Déjà, je vous ferai dire qu'il est parfaitement absurde de ne plus être étudiant. Ca faisait vingt-quatre ans que j'étais étudiante, après tout. Bon, ok, quelques-unes de ces années j'étais bébé, mais ma mère, n'étant pas particulièrement fan des êtres non-parlants, a fait de son mieux pour me faire perdre cette détestable habitude le plus vite possible et m'envoyer à l'école.


Et d'un coup, tadam, tu t'y attends pas du tout, et on t'apprend que tu n'es plus étudiante. Pour moi, ça s'est passé le jour de ma soutenance de thèse. Je pensais que tout se passait bien et tout, mes examinatrices me disaient bravo, trankil quoi, et tout à coup, je cite:

A partir d'aujourd'hui, vous n'êtes plus étudiante, et vous ne serez plus jamais étudiante. Enfin, sauf si vous décidez d'étudier quelque chose d'entièrement différent plus tard dans votre vie. 

Rien ne m'avait préparée à ce choc; je n'étais pas prête. D'abord j'ai tenté de limiter ma réaction instinctive de panique en imaginant tous les trucs divers et variés que je pourrais faire quand je reprendrais mes études d'ici deux, trois jours: une licence de Klingon, un master de Point de Croix, un doctorat en Etude des Sous-Verres. Mais c'était déjà trop tard, ma directrice de thèse est venue avec des ciseaux me couper ma petite tresse de jeune padawan et ça y est, je n'étais plus étudiante, c'était la fin.


Désormais me voilà dans une situation étonnante: je ne suis plus sous les ordres de personne. Les profs ont toujours quelqu'un au-dessus d'eux pour leur dire s'ils font bien leur boulot ou pas, à grand renfort de statistiques et de coupes de budget, mais mon propre contrat de post-doc (un Junior Research Fellowship, pour être précis; un truc oxbridgesque un peu fantasque) ne précise absolument pas ce que je suis censée faire des trois prochaines années.

Bon, disons qu'il est implicite que je ne vais pas passer ces quelques mille jours à améliorer mes techniques d'esquive de peaux de banane sur Mario Kart, mais limite. Je ne suis pas obligée de publier un monographe, d'écrire un certain nombre d'article, de faire un certain nombre d'heures de cours ou d'aller à des colloques. Je fais c'que j'veux d'abord, enfin disons que je continue mes recherches, et comme j'ai eu un entretien où ils ont pu s'assurer que je ne suis pas une totale kamikaze, ils ont dans l'idée que je vais faire en sorte d'améliorer mon CV comme je le peux (et comme je le veux) ces trois prochaines années.

Not this.
Pas comme ça.
Mais malgré cette outrageante et glorieuse liberté, je passerai aussi les trois prochaines années à poster des dossiers de candidatures diverses et variées pour obtenir un vrai poste permanent, un poste sans doute beaucoup moins confortable et beaucoup plus bureaucratique, qui m'entraînera dans un tourbillon de formulaires à remplir, de CV à compléter, d'éminents professeurs à soudoyer à l'aide de macarons Ladurée (je les recommande chaudement), et de virements mensuels vers mon compte-épargne. J'écrirai sans doute des articles qui m'intéressent bof mais qui risquent d'être publiés au détriment d'articles qui m'intéressent fort mais ont peu de chance de l'être.

The bribery that always works.

Le moyen de pression numéro 1 pour réclamer une lettre de recommandation. 
 
Donc en gros je commence à peine ma carrière de mini chercheur castor junior et je ne sais pas trop si je devrais essayer de profiter à fond de trois années supraconfortables et d'une liberté totale, ou m'accabler de memento-mori: ce boulot n'est qu'un sas de décompression avant l'entrée dans un marché du travail universitaire surpeuplé, où les postes fondent encore plus vite que le Pôle Nord, et où la stratégie de Britney Spears de gigoter à moitié à poil en haut d'une montagne semble un moyen tout à fait raisonnable de lutter contre l'étrange désespoir de cette parenthèse enchantée.


mardi 24 septembre 2013

Gargouilles et Mai 68

Oui c'est un titre de billet de blog un peu étrange mais logique, car ce billet concerne en effet, 1) des gargouilles, et 2) Mai 68.

1) Des gargouilles. 

Les gargouilles en question sont celles de Gargoyles Gone AWOL, le deuxième petit bouquin de ma série anglais des Sesame Seade!
 
Et dis donc, tu veux voir une auteure franglaise à frange dans un décor sinistre vêtue d'une robe de deuil mais contente d'avoir entre les mains le deuxième bouquin de sa série? Eh bien tu es à la bonne adresse!

SOS Sourire Bien Coinçoss Joyeux Noël
et oui c'est en angliche mais je sais qu'il y en a parmi vous qui parlez entre un chouia et fluently la langue de P.G. Wodehouse...

Donc si c'est le cas, file, gredin ou gredine, sur mon website in angliche pour répondre illico à une question pas piège afin d'en recevoir peut-être un exemplaire dédicacé par myself! En plus y a une photo de Mimi Siku en train d'escalader la tour Eiffel.

2) Mai 68

Mais quel est le rapport? se demande lela lecteurtrice de blog en se grattant la tête. Il n'y en a pas beaucoup, donc effectue ta transition comme ça te chante. Mai 68, donc, c'est le sujet de mon premier article universitaire EN FRANCAIS! oui mesdames messieurs on se plaint souvent que j'écris des trucs universitaires seulement en anglais et tout mais là pour le coup c'est in French.

C'est publié dans la revue Strenae, que je vous encourage vivement à lire car elle est pleine d'articles de tous les spécialistes francophones de la discipline, et ça s'appelle:


 Et la très bonne nouvelle c'est que c'est en Open Access, c'est-à-dire que je, tu, il, elle, nous, vous, elles, ils et même on peuvent y accéder d'un seul petit cliquetage sur le titre, ou alors si ça te saoule de revenir en arrière, ici

Mais là tu te dis ouh là! ouh là là là! mais c'est sur quoi, ce machin-bidule? ça m'a l'air long et plein de jargon! 

Alors déjà oui c'est long et oui il y a un peu de jargon mais c'est pour la bonne cause. Il s'agit d'une analyse de l'idéal de la révolution dans deux albums jeunesse sur mai 68. Et pas des moindres, sivouplé! y a du beau monde!



Bon ok, et qu'est-ce que t'y racontes, en gros, histoire que je fasse genre je l'ai lu? 

J'y raconte que ces deux albums jeunesse perpétuent un idéal français de la révolution comme constante remise en question du pouvoir en place, et présentent ainsi une conception de la nation française comme infiniment perfectible. Ils assimilent cet idéal au passage de l'enfance à la puberté, et l'incarnent à travers le corps même de l'enfant. Cet idéal est paradoxal car il contribue à la fois à solidifier la position de pouvoir actuelle de l'adulte, et à fragiliser son autorité future.

Si t'as compris ça tu comprendras le reste. Si ça te saoule de lire un article universitaire c'est pas grave, tu peux lire mes livres. Si ça te saoule de lire mes livres c'est pas grave, tu peux laisser un commentaire. Si ça te saoule de laisser un commentaire c'est pas grave, tu peux t'abonner à ce blog. Si ça te saoule de t'abonner à ce blog c'est pas grave, tu peux retourner étrangler des chatons avec tes gros gants en cuir.

à bientôt!

Clem

vendredi 30 août 2013

Quoi de neuf docteur?



Re-salut, blogpotes et blogpotesses! ça fait au moins mille ans et huit jours que j'avais disparu du radar, mais c'est parce que j'étais à Vancouver en train de combattre des ours, de couper du bois, de faire des pancakes au sirop d'érable et de me prendre des coups de soleil. 

Moi, en vacances.

Je suis désormais revenue et je contemple la vie devant moi et je me dis ouh là! va y avoir du changement! 

ma nouvelle bible
Oui, car en octobre je commence mon nouveau boulot. Si vous avez suivi mes aventures, vous saurez que j'ai battu le boss du niveau 'Doctorat' et que je suis passée au niveau d'après, 'Mini-Chercheur Castor Junior', qui veut dire, en gros, 'Voilà ta propre pelle et ton tas de sable, tu creuses des trous et tu vois si tu trouves quelque chose d'intéressant'.

Je commence le 1er octobre, à Homerton College, toujours à Cambridge of course, et mon projet de recherche portera sur le concept de précocité chez l'enfant - pas d'un point de vue psychologique mais philosophique. J'en reparlerai quand j'aurai une vague idée de ce que ça veut dire. Il faudra aussi que je finisse d'écrire mon vrai bouquin universitaire d'adulte, qui sortira l'année prochaine, et ça aussi j'en reparlerai.

En attendant je vais à mon premier colloque français pour présenter mon premier papier en français. Je ne sais pas si je vous ai dit, mais les Français me terrifient. J'ai peur des Français, ça y est, c'est dit. Donc je suis dans un état proche de la catatonie totale. Je vous tiens au courant.

Mais aussi côté écritures, ça bouge car le 4 octobre sort le deuxième tome de ma série angliche des Sesame Seade! ma fantômettique et brindacière héroïne repart en exploration dans Gargoyles Gone AWOL et elle escalade beaucoup de toits. 

ziouplà
Pour fêter ça, je vais au festival de Bath, qui est un gros festival de littérature jeunesse dans l'ouest de l'Anglicheland, et j'y fais une présentation devant cent gamins! vous m'imaginez devant cent gamins? Après j'aurai encore plus de sympathie pour cette pauvre Pétronille et son échec total de la méthode Ogino.

'Ah! si seulement ils faisaient des préservatifs taille souris!'

Bref, il y a d'autres news. En février sortira aux éditions Alice une petite histoire que j'aime beaucoup, qui n'a pas encore de titre fixé, illustrée par Antoine Déprez. C'est un conte fantastique où il est question de louve... Elle sera suivie de mes Lettres de mon hélicoptêtre chez Sarbacane et de mon Comme des images, roman ado chez Sarba aussi. Après c'est tout. Les livres ça pousse pas sur les arbres hein ! non mais !

En Anglicheland, j'ai des projets qui débordent mais rien encore de finalisé, sauf un gros bouquin sur... "Comment écrire pour la jeunesse"! il sortira chez Hachette en 2015, donc ne vous retenez pas d'écrire en attendant. L'idée est de marier la vision universitaire de la littérature jeunesse avec des conseils d'écritures. Oui moi aussi je fais dans le mariage pour tous.

Avec la nouvelle vie vient un nouveau programme d'écriture de blog. Comme je suis bien consciente d'avoir tellement délaissé ce pauvre blog qu'il y pousse des araignées et des crottes de mites, j'ai décidé de partir sur un nouveau rythme: 1 billet (au minimum) par semaine, avec une semaine sur deux l'un plutôt orienté recherche, l'autre plutôt orienté écriture. Ca vous tente? Ca sera le mercredi, en partenariat avec la partie angliche de moi-même (combien en faut-il pour changer une ampoule, là est la question). Dites-moi toujours s'il y a des sujets/ questions que vous voudriez que je traite, sinon je vais avoir le syndrome de la page blanche toutes les deux minutes.

Donc voilà, on se donne rendez-vous en octobre, et d'ici là, lisez le livre de JK. Rowling/ Robert Galbraith, L'appel du coucou. Sérieux. Lisez-le. Allez. Vous le lisez, là? Allez. 

(ah zut google m'informe qu'il ne sort en français qu'en novembre. Bon ben attendez novembre alors. Ou lisez-le en angliche. Vous êtes compliqués vous alors!) 

mercredi 10 juillet 2013

Comme des images

J'ai déjà parlé de Lettres de mon hélicoptêtre, mon prochain album, qui sortira chez Sarbacane l'année prochaine!

Je peux maintenant annoncer mon autre petit nouveau, Comme des images, mon prochain roman ado qui sortira aussi chez Sarbacane et aussi l'année prochaine!

Enfin, plutôt 'grand' nouveau que petit nouveau, car comme pour La pouilleuse, on est un peu à la limite entre adolescence et âge adulte...

Et il sera publié dans la légendaire collection Exprim', dirigée par Tibo Bérard, qui fait un peu partie du Saint Graal de ma bibliothèque imaginaire de livres de moi-même, donc après ça il me reste à publier un J'aime Lire et un Gallimard collection blanche et ensuite je peux prendre ma retraite.

Et de quoi est-il question?

D'un prestigieux lycée sur une montagne avec une tour qui a un visage d'évêque revêche.

D'images qui n'auraient jamais dû être envoyées comme ça, à tout le monde, simplement à cause d'une banale rupture.

De ceux qui regardent, et de ceux qui ne regardent pas.

D'une journée où tout devient soudain moins solide et moins logique.

D'amitiés qui ressemblent à s'y méprendre à des amours.

D'un corps tout cassé dans la cour.

Et on observe tout ça à travers des jumelles.

Twins Grace and Kate Hoare 1876


J'en dirai plus quand il sera temps!

A bientôt!

samedi 6 juillet 2013

Dernières nouvelles du front

Je sais, je sais, ça fait des lustres que je n'ai pas écrit sur ce blog (depuis les 'vacances' inopinées) et donc il fallait que je fasse une petite update.

Mais j'avais de bonnes raisons de ne pas écrire, car j'étais très occupée figurez-vous à changer d'appellation!

je ne suis plus Mademoiselle Beauvais !

(Alors là y a ceux qui se disent:
  • Elle s'est mariée avec un lord anglais et elle est devenue Mrs Montgomery-Willoughby of  South Cheshire. Elle fait désormais de la chasse à courre et fouette des paysans.
  • Elle a changé de sexe et est devenue M. Clément Beauvais.
  • Elle est devenue papesse et s'appelle désormais Sa Sainteté Clémence I.
  • Elle s'est reconvertie en Indienne de BD des années 70 et s'appelle maintenant Petite-Pluie-Qui-Mouille-La-Mousse-Des-Bois.)

Hé bien non! je suis désormais Dr Beauvais, car j'ai passé ma soutenance lundi dernier. C'était rien chouette! ensuite j'ai eu un beau bouquet de la part du boyfriend et un autre de la part de mes amis et puis plein de cartes et on a fait des agapes pour célébrer ça.

the bouquet


L'occasion d'annoncer à tous ceux que ça intéresse (probablement 0,001% de la population visiteuse de ce blog) que je suis en train d'écrire le bouquin tiré de ma thèse, qui sortira l'année prochaine en angliche et qui, si ça se trouve, changera la face du monde, mais si ça se trouve, non. Il s'appellera The Mighty Child, "l'enfant puissant". Cool ou bien?

A part ça il se passe des trucs fun, par exemple, j'ai la couv de mon deuxième tome de Sesame Seade, Gargoyles Gone AWOL, qui est toute mignonne et finalisée:

LES ENFANTS NE FAITES PAS CA CHEZ VOUS

Gargoyles Gone AWOL, ça veut dire, en gros, 'Les gargouilles ont déserté', mais ça sonne pas terrible en français, alors qu'en anglais ça sonne génial: gargoïlzgonnaywol, ce qui est impossible à prononcer et donc j'ai l'air de me noyer dans ma propre salive à chaque fois que j'essaie de dire le titre.

Et sinon il s'est passé des trucs bien côté français aussi, car je viens de signer un contrat pour un joli projet sur lequel j'ai énormément bossé, grâce à Ze Editor. Je parlerai de tout ça très prochainement mais voici deux indices:



Et là vous vous dites tain ça fait au moins le 103e billet de blog où elle nous parle que d'elle et de ses projets cette grosse mégalo alors que je ne lis son blog que pour apprendre des trucs sur la littérature jeunesse!

oui oui ça reviendra!

allez baï-baï les amis

Clem

dimanche 26 mai 2013

Divers d'été

Juste un petit mot avant de partir en VACANCES oui en VACANCES je pars en VACANCES 

(je me laisse digérer l'information)
...
...
On reprend le service normal.

Donc ces dernières semaines j'ai rendu ma thèse (youplaboumdidamdidoum) et du coup, depuis lors, j'ai droit à une avalanche de questions du genre:

"Alors c'est la belle vie maintenant que t'as rendu ta thèse?"
"Alors on se la coule douce?"
"Alors ça fait du bien d'être libérée?"

Et là je pleure et je pleure et je pleure et entre deux sanglots j'explique qu'en réalité j'ai eu quatre fois plus de boulot dans les deux semaines suivant la remise de ma thèse que dans toute ma vie jusqu'à maintenant, puisque j'avais dit à tous ceux qui voulaient que je fasse des trucs pour eux - "Oui oui, no problémo, tinkièt mon pote, no souci, je fais ça dès que j'aurai rendu ma thèse".

Et comme, malgré ma discrétion légendaire sur Facebook et Twitter, il se pourrait que quelques photos de moi-cum-thèse aient filtré (juste quelques-unes) ainsi que quelques billets de blog (oh à peine) et quelques statuts et commentaires (mais pas trop trop), les gens qui m'avaient demandé des trucs se sont tout à coup réveillés, et hello les emails qui disent en substance:

"Hé salut Clem et félicitations pour ta remise de thèse! ça doit être trop le fun et l'éclate chez toi maintenant! et donc tu te souviens quand on avait dit que tu nettoierais mes écuries en détournant deux rivières de leur lit quand t'aurais le temps après avoir remis ta thèse? Alors tu viens demain? Je t'attends biz biz Augi@s".

J'ai donc dû: 
- écrire un article sur le motif du singe dans le folklore et les contes de fées (oui oui, et non non, en effet, ça n'a rien à voir avec mes recherches)
- faire des Corrections Absolument Enormes sur un livre qui va peut-être être publié par *biiiiip* et qui est sur *biiiiip*, faire des Corrections Absolument Enormes sur un projet de série qui va peut-être être publié par *biiiiiip* et qui est sur *biiiiiiip*, commencer à écrire un Enorme Bouquin que je vais publier avec *biiiiiip* et qui est sur *biiiiip*
- et enfin payer ma cotisation à la Charte. Pardon la Charte. C'est mal, je sais. Mais j'espère que tu m'as pardonnée maintenant. On est copines encore?

Donc du coup ça fait deux semaines que c'est absolument le contraire du 100% de marrade quand je dois répondre aux questions bien intentionnées des gens qui s'imaginent que je dors désormais jusqu'à midi, que je roule de mon lit jusqu'au micro-ondes pour me manger un cheeseburger, et que je vais me recoucher illico avec l'intégrale de Friends.

Alors là je sais pas pourquoi je suis partie là-dessus (les dix mille paragraphes précédents) car ça n'a rien à voir avec ce que je voulais dire au départ, qui est la chose suivante:

Les gens sont... ils sont... enfin, je reste polie, mais ils sont parfois... enfin...?

Voilà des petites phrases auxquelles j'ai eu le droit récemment.

Suite à la sortie du premier bouquin de ma série des Sesame Seade, en Anglicheland:

Scène 1: Dramatis personae: Vague connaissance; myself

Vague connaissance: Ah j'ai vu sur Facebook que tu étais publiée? Ca sort quand? Ah! J'ai hâte de lire...

ATTENTION PETIT JEU: complète la phrase!

... hâte de lire quoi, à ton avis, cher lecteur de blog? On pourrait penser, logiquement, suivant les règles de politesse et d'hypocrisie en vigueur, que la réponse est 'le livre'. Non?

Réponse: "J'ai hâte de lire les critiques!"

Je... hein? Les critiques? Tu as hâte de lire les critiques? Donc tu ne vas même pas me faire croire, ne serait-ce que par absolue mauvaise foi, que tu as hâte de lire le livre, mais par contre tu m'informes que tu vas lire les critiques? T'as eu combien à l'épreuve de vie sociale au bac?

Bon, au moins on ne peut pas l'accuser d'hypocrisie.

Scène 2:
Dramatis personae: un ami proche; une vague connaissance; myself.

Ami proche: blablabla Sesame Seade blabla
Vague connaissance: C'est quoi Sesame Seade?
Ami proche: C'est le livre de Clémentine.
Vague connaissance: Ah bon t'as écrit un livre?
Ego (avec le degré approprié de rougissement + tête baissée): Voui voui.
Vague connaissance: Et t'en as vendu combien? 

Alors là quand même ça mérite la palme d'or des 'Et t'en as vendu combien': à peu près à 0,001 seconde après avoir appris l'existence dudit livre.

Ceci m'a mené à formuler une

PETITE THEORIE AVEC EQUATION:

Après trois ans, je suis arrivée à la conclusion que (éditeur et maman/papa non compris) l'intérêt des gens pour le nombre d'exemplaires vendus de ton livre est inversement proportionnel à leur intérêt pour le livre itself. Cette petite équation devrait vous aider à vous repérer:

Nombre de fois où x demande si le livre se vend bien/ combien tu as gagné sur le livre/ etc = 
- [moins] intérêt pour le livre lui-même 

Exprimé en degrés d'intérêt (DI) où tout nombre inférieur ou égal à -1 DI veut dire "j'en ai strictement rien à foutre".

Donc par exemple, quelqu'un qui te demande trois (3) fois à combien d'exemplaires ton petit dernier s'est vendu en est à -3 DI quant au livre en question, et donc à peu près au niveau du "Ton livre, j'en ai tellement rien à foutre que j'ai aucune idée même de ce dont ça parle et que je m'en tamponne tellement le coquillard que jamais je n'irais déranger Monsieur Google pour me dire de quoi il retourne. Mais sinon t'en as vendu combien?"

Certains, cependant, font du googlage. Autre fabuleux moment de WTF ces derniers temps:

Email de Quelqu'un Que Je Ne Connais Pas: 'Chère Clémentine, ceci pour vous dire que j'ai googlé votre livre et que je ne l'ai pas trouvé sur une plate-forme gratuite. Pourriez-vous m'indiquer où trouver cela s'il vous plaît.'

Mais bien sûr mon pote et tu veux aussi que je vienne te faire un massage des doigts de pied avec ma langue?

Dans la même veine, côté universitaire:

Email de Quelqu'un Que Je Ne Connais Pas: 'Chère Clémentine, je suis en train de faire des recherches sur la littérature jeunesse mais il est difficile de trouver des sources sur ce sujet. J'ai trouvé votre blog et je vois que vous étudiez dans ce domaine. Pourriez-vous m'envoyer 1) une liste d'ouvrages indispensables à lire 2) une synthèse des positions actuelles dans ce domaine 3) votre position personnelle sur la question de l'idéologie et la qualité dans la littérature jeunesse. Je vous citerai bien sûr dans mes recherches. Merci."

Tu me citeras? tain c'est trop gentil!
 
C'est tout ce que j'avais à dire. Il fallait que je partage. Et vous les amis, quelles remarques ou emails délirants avez-vous reçus ces derniers temps?

dimanche 5 mai 2013

Rollerskates et Hélicoptêtres

On commence par la nouvelle-qui-n'est-pas-liée-à-Sesame? Ok! alors la voilà: l'année prochaine, je serai maman d'un beau nouveau joli petit album chez Sarbacane, et que s'apelerio Lettres de mon hélicoptêtre !

Je sais pas encore qui ni quand ni où ni quoi question illustrateur ni date, donc c'est encore plus préliminaire comme annonce que celle de la grossesse de la belle Kate, mais ça risque d'être bien chouette. Il est question d'une gamine qui part faire un tour du monde en hélicoptêtre. En quoi? Ben vous verrez.

Allez, maintenant on retombe sur les niouzes angliches, avec un petit débrief de soirée de lancement de Sleuth on Skates!

C'était rien fun car il y avait dans les 50-60 personnes, qui étaient toutes plus ou moins des ami/es de moi (oui oui, on dirait pas comme ça mais il y a des gens qui peuvent me blairer) et que j'avais attirés en leur faisant miroiter des boules au chocolat de Lindt (vous voyez les trop bonnes avec du fourrage là).

Il y avait des piles de Sleuth on Skates déjà en réduc'! (ils veulent s'en débarrasser vite apparemment)

Trois pour le prix de deux! allez ma bonne dame on se laisse tenter
Il y avait l'illustratrice, la magique Sarah Horne, qui tient ici entre ses mains une incroyable tête en peluche/ demi-poupée-vaudou/ marque-page faite main par l'une des invitées à partir des dessins de Sesame!


On a dédicacé des tas de bouquins achetés par nos amis qui voulaient s'approcher des boules en chocolat de Lindt susmentionnées et qui n'osaient le faire sans acheter un livre en même temps (car les Anglais sont très polis comme ça):

oui j'ai une grande oreille apparemment
Ensuite on a pris des photos avec l'équipe de production de Sesame...






De gauche à droite: Rebecca la publiciste, Ellen l'éditrice du livre, Kirsty mon agente, moimem, Rachel l'éditrice des volumes 2 et 3, et Sarah.

Et voilà, c'était bien rigolo et assez épuisant. Sleuth on Skates proprement lancé (contrairement à certain missile balistique français), je retourne à mes moutons, c'est-à-dire à ma thèse de doctorat (je vous ai dit que j'étais en train de finir ma thèse de doctorat? j'en parle si peu, ça doit être une grosse surprise), que je rends vendredi (si les dieux sont d'accord).

Et à ce moment là, les potes, WE'LL HAVE A PARTY OH YEAH


allez à plus.

Clem