C'est une très grande année pour l'auteur et illustrateur australien Shaun Tan, qui a reçu mardi dernier le
prix Astrid Lindgren. Le prix Astrid Lindgren, c'est le Nobel de la littérature jeunesse: un prix annuel d'une valeur d'un demi-million d'euros, décerné à un/e créateur/trice exceptionnel/le dans cet art, ou à un organisme promoteur de la littérature jeunesse. Parmi les anciens gagnants du prix, on rencontre Pullman, Sendak et Paterson. C'est un jury qui décide du vainqueur à partir de nominations venues du monde entier (notre petit 'clan' de doctorantes en littérature jeunesse allons d'ailleurs présenter nos nominations en mai pour le prix de l'année prochaine - je vais essayer de faire du forcing pour faire passer Ponti).
Fait exceptionnel, Shaun Tan a déjà reçu, cette année, l'Oscar du meilleur court-métrage animé pour
The Lost Thing, tiré de son album du même nom - quinze minutes d'un autre monde, que je vous conseille vivement de soustraire à votre vie quotidienne, car vous ne le regretterez pas. Le monde de Shaun Tan est unique et étonnant, à mi-chemin entre la science-fiction et le steampunk, avec un amour du sépia et des machines à rouages rouillées qui donne à ses albums une atmosphère faussement désuète. Mais il y a aussi quelque chose de kafkaïen dans les univers de Shaun Tan où les mouvements des hommes en société sont mécaniques, et où le merveilleux n'est remarqué que par quelques-uns. Tan est un champion du 'réalisme magique', ce mode littéraire et artistique qui consiste à présenter comme normaux et quotidiens des éléments surnaturels et bizarres. Dans
The Lost Thing, par exemple, on assiste à l'amitié naissante entre un jeune garçon et une gigantesque machine mi-métallique mi-végétale, dans un monde où les passants peu émus par ce genre de créatures cherchent surtout à les recenser et à les catégoriser. La fin presque psychédélique du film et de l'album ouvre sur un monde multicolore et paradisiaque où les machines s'ébattent enfin en liberté... avant de rendre l'enfant, seul, à la société clinique et indifférente, comme un rêve qui se clot.
Shaun Tan est bien traduit en France, chez Gallimard et chez Dargaud, et je vous recommande chaudement d'aller découvrir ses albums incongrus et méditatifs, très souvent drôles, et qui méritent brillamment ce nouveau couronnement dans le monde de la littérature jeunesse.
cool :-) comment peut-on regarder le court métrage? est il accessible sur internet?
RépondreSupprimerAh, et je plussoie pour Ponti :)
Bonnes vacances,
Agathe
ça je ne sais pas, je l'ai vu en DVD... mais je suis sûre qu'en cherchant bien... ahem!
RépondreSupprimerPonti power!
à bientôt Agathe, bises