lundi 14 novembre 2011

Non aux excuses! N°5: Je gagnerai jamais d'argent!

Ca, c'est clair.

Allez, j'exagère. Il est tout à fait possible que tu te récupères de jolies sommes ici et là. Mais si c'est l'argent qui te motive pour écrire, j'espère ne pas te vexer si j'ouvre la bouche en grand pour te hurler de rire à la figure.

95% des auteur/es publié/es ont un travail à temps plein ou à temps partiel, et utilisent leurs droits d'auteur comme argent de poche. Les 5% restants 'vivent de leur plume'. Sur ces 5%, à peu près la moitié gagnent l'équivalent d'un SMIC. En réalité, beaucoup d'écrivains dits 'professionnels' comptent très souvent sur leur partenaire pour ramener un salaire fixe à la maison.

A la différence de beaucoup d'autres métiers, en plus, un écrivain doit dépenser beaucoup avant de gagner quoi que ce soit. [Petite musique d'ambiance et voix grave:] Ordinateur portable: 300€. Cartouche d'encre noire: 25€. Envoi d'un roman par la poste: 4€. Ecrire: ça n'a pas de prix. Il y a certaines choses qui ne s'achètent pas. Pour tout le reste il y a EuroCard MasterCard et tu raques comme un pigeon.

Se lancer dans l'écriture dans l'espoir de gagner beaucoup d'argent s'apparente à jouer au Loto. Il y a quelques gros gains, un certain nombre de gains moyens, et puis un océan de non-gains.

'Je gagnerai jamais d'argent' est l'excuse la plus bidon possible pour ne pas écrire, parce que même avec 2000 ou 3000 euros d'avance pour ton bouquin tu n'arriveras jamais à t'acheter quelque chose qui justifiera, économiquement parlant, tes 300 heures d'écriture, tes 20 heures de réécriture, tes 3 heures par semaine de promotion du bouquin/mise à jour de ton site, et ainsi de suite. Si tu commences à calculer ton salaire horaire, tu verras vite fait qu'écrire est l'une des activités les moins rentables auxquelles tu puisses te livrer.

Du coup, tu peux arrêter ou ne pas arrêter. Mais si pour toi c'est véritablement un choix et non une nécessité que de ne pas arrêter, c'est que tu n'es sans doute pas fait pour cette 'profession'.

Exercice de non-excuse: Calcule (avec réalisme et en utilisant les chiffres inférieurs-à-moyens du marché actuel) ce que tu peux espérer gagner pour ce que tu es en train d'écrire. Divise par le nombre d'heures que tu passes à écrire, à envoyer aux éditeurs, à promouvoir, etc. Rigole en voyant le salaire horaire final, et dis-toi que si c'est ça qui doit te motiver, alors c'est même pas la peine.

Et si vraiment, véritablement, honnêtement, franchement et irrémédiablement, il t'est absolument impossible d'accepter que tu ne gagneras jamais autant qu'un trader en étant écrivain, alors mon pote, va surveiller les cours du soja, personne ne te retient.

J'espère que ce petit marathon des excuses vous a plu, et que des excuses, vous n'en avez plus!

7 commentaires:

  1. Plus aucune ! donc je file écrire !

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  2. "alors mon pote, va surveiller les cours du soja!"... Ahaha, elle me plaît celle-là!

    Et oui, j'ai adoooooré ton "Marathon des excuses". J'ai même prévu de venir le relire les jours de blues :)

    Bravo Clementine!

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  3. Merci! Je vais bosser sur quelques bonus a partir de vos commentaires sur le premier billet ;)

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  4. Ah là là! C'est brutal, mais tellement vrai. J'adhère à 100% et sur ces bonnes paroles, je m'en vais écrire un peu. Ça me détendra. ^_^ En tout cas, merci pour ces billets terre à terre et en même temps tellement drôles.

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  5. Alors pour celle là, je ne suis pas d'accord : si on veut que l'écriture soit son métier, il faut faire en sorte de pouvoir en vivre. Le plaisir dont tu parles, moi c'est dans la lecture que je le trouve. Quand je suis devant mon ordi, je bosse, et je paye mon loyer.

    Après, c'est vrai qu'on gagne chaque fois de petites sommes, et que si notre but ultime est de devenir riche, le soja est en effet bien plus efficace. Mais on a des tas d'autres libertés, du genre de celles inestimables ;-)

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  6. je suis d'accord avec Alice.
    On devrait pouvoir vivre de son art
    ce n'est pas un hobby qu'on fait sur son temps de loisir (mais on peut aussi l'envisager comme ça, et parfois on n'a pas le choix)
    mais on devrait avoir l'ambition de considérer qu'un travail artistique demande du temps, et qu'on s'y consacre à pleinement.
    Alors ça veut aussi dire une existence modeste financièrement avec des sacrifices (mais des sacrifices de consommation, alors on s'ne moque), au moins pendant un temps, en faisant le pari qu'à la longue on s'en sortira mieux, qu'on se crééra un peu de confort. Mais il est souvent inévitable d'en passer par des années difficiles. Mais hé c'est la liberté, le plaisir de créer ce qu'on veut créer. C'est un choix de vie, risqué certes, mais de ce risque naît de belles choses.
    Ensuite on peut très envisager d'être artiste, écrivain en faisant une autre profession. Pas de problème. Mais le discours qui officialise le "vous ne gagnerez pas d'argent" me gêne car il est repris par des éditeurs qui veulent mal nous payer sous prétexte qu'on ne peut pas en vivre, que c'est un truc à faire en plus d'un métier normal (ou qui complète les revenus du foyer si monsieur ou madame a un vrai métier).
    Enfin, lier l'argent et l'art est fructueux. C'est parce que notre art permet de payer nos factures qu'il a une nécessité vitale, que cela nous force à prendre des chemins que nous n'aurions pas pris autrement.

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