En Angleterre où je vis la moitié de l'année, et dans certaines familles françaises de ma connaissance, c'est le lapin de Pâques qui apporte les oeufs en chocolat aux enfants dans les jardins (ou, faute de mieux à Paris, sur les terrasses et les bords de fenêtres...). Dans ma famille, ce sont les cloches de Pâques qui viennent de Rome faire pleuvoir les oeufs pour que les enfants les dénichent.
Quoi qu'il en soit, il est frappant de constater que Pâques est devenue, avant tout, la fête de l'enfance, peut-être encore davantage que Noël. C'est, en termes chrétiens, la fête la plus importante de l'année, celle qui célèbre la résurrection de Jésus. La résurrection, c'est une seconde naissance, la tombe accouchant, contre toute attente, du messie à nouveau vivant. Que l'on y croie ou non (moi, perso, pas du tout), cette célébration résonne comme celle de l'ambiguité éternelle entre naissance et mort, entre enfance et vieillesse. On célèbre une victoire sur la mort: le lapin est un symbole de fertilité (de super-fertilité, même); l'oeuf, par excellence, est symbole de naissance. Et si Pâques est si centré de nos jours sur la découverte de ces oeufs par les enfants, c'est peut-être que l'on veut, ce jour-là, se rassurer soi-même: ces enfants qu'on a portés, ils cherchent également des oeufs (lisez: à se reproduire). On sait qu'on devra mourir un jour, mais notre renaissance, notre résurrection, est déjà prête - en les personnes de nos enfants, et de leur propre descendance. La certitude de notre propre mort est édulcorée par le spectacle réconfortant de nos enfants découvrant la vie et la reproduction.
C'est peut-être un message désuet, qui semble ridicule aux oreilles de ceux (ils sont nombreux, et ils ont peut-être bien raison) qui n'ont pas d'enfants, ne cherchent pas à en avoir, se fichent de laisser une descendance, ou, même s'ils ont conçu une vaste progéniture, n'investissent pas en elle une promesse d'allongement symbolique de leur vie. Il n'empêche, cela reste, je pense, la signification culturelle de Pâques de nos jours.
Bon allez, c'est pas tout ça, mais je vais aller me goinfrer de chocolat, moi. Désolée pour la tirade pseudo-psychologique: c'est mon côté Philosophie Magazine :)
Écrire la nature – du symbolisme à l’écopoétique: 2. le feu
Il y a 17 heures
Mon athéisme ne suffira jamais, je crois, à m'empêcher de fêter Pâques, le jour de la self-indulgence par excellence!
RépondreSupprimerMoi, je suis catholique, pratiquante. Je crois que vous dites correspond bien à l'esprit de Pâques.
RépondreSupprimer