Chui content, c'est le printemps, comme chantait Henri Dès. Le printemps, à Cambridge où je vis, c'est enfin l'occasion pour les Anglaises comme moi de parader en mini en éblouissant les passants par la blancheur lunaire de leurs grassouillettes gambettes. Au printemps, je sais pas si vous avez remarqué, on a l'impression qu'il y a beaucoup plus de femmes enceintes que d'habitude, manque de manteau ultra-couvrant oblige. Mais surtout, à Cambridge, Université Très Renommée Internationalement A Fort Taux de Génies Et Autres Prodiges, au printemps, quand tout le monde est en jupe, c'est là qu'on s'aperçoit réellement du nombre d'anorexiques qui arpentent la ville, et je peux vous dire que c'est bien moins sympa que de compter les femmes enceintes.
Il paraît qu'un certain nombre d'anorexiques sont aussi ce qu'on appelle ici des 'high-achievers' ou des 'control freaks', ultra-performantes en bref, conduisant d'une main de fer leur brillant parcours académique. J'en connais une comme ça qui parle six langues et pèse 35 kilos. Ca fait toujours un choc, quand tu marches dans la rue avec ton iPod vissé dans les conduits auditifs, de repérer l'une de ces phasmiques créatures marchant d'un pas décidé vers tel ou tel meeting important ou examen de fin d'année.
Le sujet est tellement sensible dans une université comme Cambridge que les gens n'en parlent que quand ils connaissent très très bien leurs interlocuteurs et interlocutrices, vu le nombre de gens qui ont ou ont eu des troubles alimentaires. J'ai fait la gaffe l'autre jour chez une copine, en annonçant à qui voulait l'entendre (moi et mes remarques très fines, c'est le cas de le dire), en apprenant le salaire de Keira Knightley, qu'elle allait enfin pouvoir se payer de quoi manger. Evidemment, j'ai dit ça devant l'une des 3 colocs de ma copine, une fille qui, comme je l'ai ensuite appris, avait fait deux ans d'anorexia nervosa depuis son arrivée à Cambridge. Elle mangeait deux galettes de riz soufflé et un demi-concombre par jour.
Quand j'étais en première année, deux étudiantes de Cambridge sont mortes d'une crise cardiaque liée à une anorexie morbide.
Le printemps à Cambridge, c'est donc bien sympa pour les fleurs, le départ de la pluie et les promotions sur l'autobronzant, mais c'est aussi l'occasion de s'exercer à faire l'indifférente quand tu vois dans un café une fille qu'on croirait sortie d'un film d'animation de Tim Burton, qui tapote un mail urgent sur son Blackberry et sirote un café noir sans sucre.
ça fait peur.... :S je ne savais pas du tout que c'était comme ca! moi et mes amis on a tendance à trop manger et à tout dépenser en aviron ensuite :)... Je n'ai pas encore remarqué d'anorexique dans ce college meme si il m'est arrivé d'en voir dans la rue, tu as raison....
RépondreSupprimerce que tu dis me fait penser à la prépa où j'étais l'année dernière, où je voyais maigrir les gens à vue d'oeil au fil de l'année...
je ne connaissais pas le phénomène des filles 'high achievers'.... Mais dans mon année, je ne connais que la moitié des freshers. Les autres restent un peu enfermés dans leur chambre à bosser comme des malades.
comme le dit le dicton, "cambridge, destroying your mental health since 1209" (meme si je trouve ca minime en comparaison de la prépa).
Bisous et bon courage pour ton master!!!
Agathe
oui ça c'est sûr, la prépa c'est beaucoup plus méchant! mais là à Cambridge, comme c'est à l'échelle d'une ville, c'est plus impressionnant je trouve...
RépondreSupprimerSuper flippant, ta description!
RépondreSupprimerEntres les z'horribles monstres beurk de ton billet précédent et anorexicland, mon coeur balance...