samedi 12 novembre 2011

Non aux excuses! N°4: Je ne serai jamais publié/e!

C'est fort possible.

C'est aussi fort possible que tu finisses par l'être, mais que jamais ça ne te satisfasse pleinement. Pour faire court: si être publié est ta seule obsession diurne et nocturne, tu vas te prendre une grosse déception dans la face.

Bien sûr qu'on écrit dans une très large mesure 'pour' être publié, et c'est extrêmement important, mais croire que la publication est une transformation magique de tout ton être à la manière d'Un Nouveau Look pour une Nouvelle Vie sur M6, c'est se fourrer le doigt dans l'oeil jusqu'à s'en gratter la luette.

Ton livre sort. Félicibravos à toi. Cette année, un million de livres ont été publiés dans le monde.

Un million.

Par voie de comparaison, la Bibliothèque Nationale de France possède quatorze millions de livres. En seulement quatorze ans, la production mondiale de livres pourrait remplir la BNF. Tout ça pour dire que Le joli Noël de Boubou dont tu es si content ne va pas perturber l'axe de rotation de la Terre.

Bien sûr, être publié apporte énormément de bonheur et de surprises, c'est gratifiant, c'est un gros boost au moral. Mais compte tenu du temps, de l'énergie, de la passion et de la frustration que tu investis dans un livre, si ton seul but ultime c'est la publication, alors le jeu n'en vaut pas la chandelle. Jamais le seul fait d'être publié ne te rendra profondément, intimement, parfaitement heureux et en paix avec ton écriture.

'Je ne serai jamais publié!' n'est pas une excuse pour ne pas écrire, parce qu'écrire et être publié sont deux formes différentes de satisfaction, et deux formes différentes de bonheur.

Il faut arrêter de se dire qu'on écrit 'pour rien' si on n'est pas publié – même si on n'est jamais publié. On n'écrit jamais pour rien. Plus on écrit, plus on développe son style, sa voix, sa technique, et même si jamais cette écriture ne se transforme en objet parallélépipédique à plusieurs folios et surface mate, on n'a pas 'gâché' ou 'perdu' ces heures d'écriture. Si elles sont là, si elles s'imposent, c'est qu'elles remplissent une fonction beaucoup plus large et beaucoup plus enrichissante que d'être publié. Il faut s'entraîner à percevoir la publication comme un effet, et non pas comme un but.

Exercice anti-excuse: Sortir d'un tiroir un manuscrit qu'on n'a jamais réussi à faire publier. Essayer de se souvenir du plaisir qu'on a pris à l'écrire, et voir s'il dépasse la déception de ne pas avoir réussi à le placer chez un éditeur.

Et si vraiment, véritablement, honnêtement, franchement et irrémédiablement, il t'est absolument impossible de te dire que le bonheur d'écrire dépasse le malheur de ne pas être publié, alors mon pote, arrête de t'imposer cette souffrance et trouve-toi un autre hobby.

Lundi, excuse numéro cinq: Je ne gagnerai jamais d'argent!

4 commentaires:

  1. Tout ça est très juste...parfois on SAIT pourquoi on écrit, parfois...les raisons s'estompent. Et on se dit que ce serait bien d'être un peu encouragé par une publication. Or le SENS de tout cela ne peut venir que du dedans.
    Que faire quand c'est le flou dedans?^^
    1- manger des b onbons
    2- faire une thérapie
    3- faire du ménage
    4- les 3
    5- aucun des trois
    6- autres ^^
    Merci^^

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  2. "Se fourrer le doigt dans l'œil jusqu'à s'en gratter la luette", j'aime bien.
    (Le reste aussi, évidemment!)

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  3. Tout ça pour dire que Le joli Noël de Boubou dont tu es si content ne va pas perturber l'axe de rotation de la Terre.

    je m'en remets pas de ta phrase, là, j'en pleure.

    Bon, on l'écrit quand, le Noël de Boubou ? ça vaut le coup !

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  4. C'est vrai que c'est un concept accrocheur! ça m'étonnerait pas qu'Hollywood frappe à la porte.

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